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Sous presse

Les articles sous presse (acceptés pour publication) sont en ligne provisoirement dans cette rubrique dans l’attente de la publication du numéro complet auquel ils sont associés. Tous les articles ont suivi le processus d’évaluation de la revue (à double aveugle).

Les articles peuvent être cités en indiquant les informations suivantes:  Noms, prénoms des auteur(s), titre de l’article, année de publication.

La Maison de naissance de l’ouest (MaNaO) à La Réunion : sécurité émotionnelle et dimension familiale de l’accouchement maintenues pendant la pandémie de COVID-19
Clémence Schantz, Mordjane Tiet, Anne Evrard, Sophie Guillaume, Dounia Boujahma, Bérénice Quentin, Dolorès Pourette, Virginie Rozée

Cadre de la recherche : Au moment de la première vague de COVID-19, les pratiques dans les maternités françaises sont hétérogènes et les restrictions concernent essentiellement la présence des accompagnants et l’imposition du port du masque.

Objectifs : Nous avons analysé les effets de la pandémie sur l’organisation des soins dans la Maison de naissance de l’ouest (MaNaO) à la Réunion, ainsi que les vécus des sages-femmes, des femmes et de leur famille ayant accouché.

Méthodologie : En 2021 et 2022, dans le cadre de la recherche MaterCovid-19 (ANR), nous avons réalisé une monographie avec des observations participantes et des entretiens semi-directifs (n=34) auprès de sages-femmes et de femmes, dans la maison de naissance MaNaO, sur l’île de la Réunion.

Résultats : Nos résultats montrent que si la crise sanitaire a renforcé la médicalisation des espaces dans la maison de naissance, MaNaO a été présentée par les femmes et les sages-femmes comme un lieu préservé de la pandémie, ou une « bulle sans COVID ». Grâce au caractère humain et intime du suivi global, à la philosophie et à l’accès indépendant de la structure permettant de garantir à chaque femme d’être accompagnée lors de ses examens et le jour de son accouchement, ainsi qu’au retour précoce à domicile, caractéristique de cette structure, la maison de naissance a réussi à protéger les femmes et les familles du choc psychologique et parfois déshumanisant de la crise sanitaire.

Conclusion : Cette recherche souligne que les revendications actuelles des femmes et des familles ne concernent pas uniquement une demande de dé-médicalisation, mais aussi la préservation du caractère familial de l’accouchement. Elle met également de l’avant la nécessité absolue de renforcer la sécurité émotionnelle des femmes.

Contribution : Alors que les maisons de naissances sont en cours d’expérimentation en France, les résultats de cette recherche pourront contribuer au débat sociétal et politique.

Mots-clés: accouchement, maternité, sages-femmes, COVID-19, santé


L’adoption simple : une institution française au potentiel insuffisamment exploité
Guillaume Kessler

Cadre de la recherche : L’aspiration des minorités sexuelles à accéder à une parenté dont elles étaient autrefois exclues, le recul de l’âge moyen de la première grossesse et le phénomène multifactoriel de diminution du nombre d’enfants adoptables montrent qu’il est nécessaire de penser l’adoption autrement, en acceptant qu’elle ne soit pas forcément exclusive du maintien des liens avec les parents d’origine.

Objectifs : Cet article vise à identifier quels ajustements pourraient être réalisés afin de permettre à l’adoption simple de développer tout son potentiel dans le contexte sociétal contemporain.

Méthodologie : L’étude a été effectuée en s’appuyant essentiellement sur une analyse de la législation et de la jurisprudence française et des éclairages théoriques, tout en laissant une place au droit comparé (Canada, États-Unis et Cuba).

Résultats : Il apparaît que, malgré le besoin évident de reconnaissance accrue des filiations électives dans un contexte de déconnexion de la biologie et de la parenté, l’idée de reconnaître une véritable pluriparenté reste difficile à accepter pour le législateur français, et que l’adoption simple est dévalorisée en tant que source secondaire de filiation.

Conclusions : Il suffirait, pour libérer le potentiel de l’adoption simple, de procéder à de simples ajustements : équivalence des droits en matière d’autorité parentale ou de fiscalité successorale, utilisation dans le contexte de la protection de l’enfance et extension à toutes les situations de pluriparenté, dès lors qu’il est de l’intérêt de l’enfant de se voir reconnaître un parent additif.

Contribution : Cet article montre que la difficulté persistante du législateur français à tirer les conséquences des évolutions sociétales récentes qu’il a pourtant accompagnées est essentiellement liée à la ténacité du mythe de l’engendrement et que des évolutions majeures pourraient être réalisées sans grand effort, dans l’intérêt des enfants.

Mots-clés: adoption simple, adoption plénière, filiation, paternité, maternité, procréation assistée, parenté, parentalité, pluriparenté, France

Pourquoi devrais-je adopter mon propre enfant ? Le recours à l’adoption par consentement spécial pour établir la filiation d’un enfant né d’une grossesse pour autrui au Québec
Kévin Lavoie, Isabel Côté, Sophie Doucet

Cadre de la recherche : Au Québec, un enfant conçu dans le cadre d’une grossesse pour autrui (GPA) a initialement comme parents la femme qui lui a donné naissance et l’homme (ou l’un des hommes) à l’origine du projet parental. Pour que sa filiation soit établie avec le parent non statutaire, l’adoption par consentement spécial a été la voie utilisée pendant de nombreuses années.

Objectifs : Le présent article vise à dégager les enjeux que le recours à l’adoption par consentement spécial comme modalité d’affiliation en contexte de GPA peut engendrer pendant la grossesse et au moment de l’accouchement, mais aussi dans l’organisation de la vie familiale en période postnatale.

Méthodologie : Les données présentées sont issues de deux recherches qualitatives ayant recueilli les expériences des personnes directement impliquées dans une entente de GPA lors d’entrevues individuelles. Quarante-sept personnes (n = 47) ont été rencontrées, soit douze parents hétérosexuels, dix-sept pères gais et dix-huit femmes porteuses. Les données ont fait l’objet d’une analyse secondaire par thématisation.

Résultats : Les résultats se déclinent selon trois moments qui ponctuent le processus de GPA, soit 1) le sentiment de filiation des parents d’intention et le refus de la femme porteuse d’un statut de mère exprimé dès la formulation du projet parental et réitéré pendant la grossesse ; 2) la désignation de la mère légale au moment de l’accouchement ; et 3) le vécu des familles face aux institutions publiques en période postnatale.

Conclusions : La période de flottement menant à l’adoption par consentement spécial fragilise l’expérience des parents d’intention rencontrés, en plus de comporter des risques pour les femmes porteuses et les enfants ainsi nés en cas de conflits ou de dissolution de l’entente.

Contribution : Le recours à l’adoption par consentement spécial en contexte de GPA a surtout été étudié sous l’angle juridique, à travers l’analyse de jugements en matière familiale. Cette étude a permis de saisir les enjeux sous-jacents à cette modalité d’affiliation mobilisée durant une certaine période au Québec en l’absence d’encadrement légal de la GPA.

Mots-clés: adoption, congés parentaux, droit, famille, filiation, gestation pour autrui, homoparentalité, infertilité, maternité, parenté


Le patrimoine des célibataires nobles : au service du patrilignage (France, xviie-xviiie siècles)
Juliette Eyméoud

Cadre de recherche : Les familles nobles du xviie siècle français, en limitant le nombre de mariages par génération, ont créé une grande quantité de célibataires, hommes comme femmes. L’idéologie patrilinéaire s’est imposée et a fait reculer les velléités égalitaires qui animait la noblesse des siècles précédents. Les individus célibataires, majoritairement des cadet‧te‧s, ont vu leurs parts d’héritage réduites ou transformées, dans l’objectif de laisser aux mains des aînés mâles le patrimoine familial.

Objectifs : Cet article souhaite interroger l’adhésion des célibataires à cette idéologie patrilinéaire. En acceptant l’ordre successoral inégalitaire et en participant activement au bien-être financier du lignage, femmes et hommes célibataires semblent avoir intériorisé leur condition subalterne, tout en développant une haute conscience de leur rôle de pilier économique.

Méthodologie : Cet article propose une étude qualitative d’hommes et femmes célibataires né‧e‧s entre la fin du xvie et la fin du xviie siècle, dans quatre familles de la noblesse française. Il s’appuie sur des sources notariales des xviie-xviiisiècles, tels que des règlements successoraux, des accords entre germains, des donations, des contrats de mariage et des testaments.

Résultats : Les célibataires transmettent leur héritage paternel aux aînés mâles, dans l’objectif revendiqué de préserver le patrimoine lignager. Ils peuvent aussi créer des donations et legs à destination de frères/sœurs célibataires ou de neveux/nièces cadet‧te‧s, mais il s’agit le plus souvent de rentes viagères ou d’héritages marginaux.

Conclusions : Les célibataires mettent leur patrimoine au service du patrilignage, en favorisant les aînés mâles et en participant au système compensatoire qui prend soin des cadet‧te‧s, diminuant ainsi les risques de conflits familiaux.

Contribution : Cet article apportera un éclairage sur l’histoire sociale de la noblesse et sur l’histoire familiale d’Ancien Régime. Il permet de jeter la lumière sur les célibataires, des individus encore méconnus.

Mots-clés: célibat, patrimoine, transmission, aînesse, cadets, noblesse

Patrimoine immobilier locatif et mobilité sociale : les économies domestiques de propriétaires de classes populaires et immigrées
Cécile Vignal

Cadre de la recherche : Dans un contexte français d’accès généralisé à la propriété immobilière depuis les années 1980, la propriété locative est longtemps restée le parent pauvre de l’analyse sociologique au profit de l’analyse de la propriété occupante.

Objectifs : Cet article vise à mesurer les modalités d’accumulation d’un patrimoine locatif pour des familles de classes populaires selon les générations et le genre et à en mesurer les effets sur les trajectoires sociales.

Méthodologie : L’article s’appuie sur l’exploitation statistique de l’enquête « Histoire de Vie et Patrimoine » (2017-2018) de l’Institut National de la Statistiques et des Etudes Economiques (Insee) et sur le matériau constitué par une enquête par entretiens auprès de 30 propriétaires bailleurs de classes supérieures, moyennes et populaires de l’agglomération de Lille. Cet article focalise l’analyse sur dix enquêtés de classes populaires dont l’un connaît une forte ascension sociale vers les classes moyennes : 5 femmes et 5 hommes, âgés de 43 à 75 ans, d’origine immigrée principalement maghrébine.

Résultats : L’analyse montre l’importance du travail matériel d’autoréhabilitation et de division des logements qui a permis de devenir propriétaire puis bailleur. La rente locative apparaît comme un moyen de stabiliser l’économie du groupe familial, comme une forme de « travail de subsistance » (Collectif Rosa Bonheur, 2019). Être propriétaire bailleur est un marqueur de réussite sociale pour les familles immigrées soutenant la mobilité sociale des enfants. L’égalité des droits de propriété sert, après une séparation ou un décès, l’autonomie des femmes qui sont parvenues à défendre la part du patrimoine qui leur revenait.

Conclusions : L’article aide à comprendre la mobilisation du groupe de parenté dans le contexte d’économies domestiques populaires et le rôle de l’espace urbain désindustrialisé dans la constitution d’un patrimoine immobilier et d’une rente locative.

Contribution : L’article contribue à la sociologie de la propriété des classes populaires et immigrées et au renouvellement des analyses sur la stratification sociale.

Mots-clés: propriétaire bailleur, classe populaire, logement locatif, famille, genre, immigré


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