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Sous presse

Les articles sous presse (acceptés pour publication) sont en ligne provisoirement dans cette rubrique dans l’attente de la publication du numéro complet auquel ils sont associés. Tous les articles ont suivi le processus d’évaluation de la revue (à double aveugle).

Les articles peuvent être cités en indiquant les informations suivantes:  Noms, prénoms des auteur(s), titre de l’article, année de publication.

La Maison de naissance de l’ouest (MaNaO) à La Réunion : sécurité émotionnelle et dimension familiale de l’accouchement maintenues pendant la pandémie de COVID-19
Clémence Schantz, Mordjane Tiet, Anne Evrard, Sophie Guillaume, Dounia Boujahma, Bérénice Quentin, Dolorès Pourette, Virginie Rozée

Cadre de la recherche : Au moment de la première vague de COVID-19, les pratiques dans les maternités françaises sont hétérogènes et les restrictions concernent essentiellement la présence des accompagnants et l’imposition du port du masque.

Objectifs : Nous avons analysé les effets de la pandémie sur l’organisation des soins dans la Maison de naissance de l’ouest (MaNaO) à la Réunion, ainsi que les vécus des sages-femmes, des femmes et de leur famille ayant accouché.

Méthodologie : En 2021 et 2022, dans le cadre de la recherche MaterCovid-19 (ANR), nous avons réalisé une monographie avec des observations participantes et des entretiens semi-directifs (n=34) auprès de sages-femmes et de femmes, dans la maison de naissance MaNaO, sur l’île de la Réunion.

Résultats : Nos résultats montrent que si la crise sanitaire a renforcé la médicalisation des espaces dans la maison de naissance, MaNaO a été présentée par les femmes et les sages-femmes comme un lieu préservé de la pandémie, ou une « bulle sans COVID ». Grâce au caractère humain et intime du suivi global, à la philosophie et à l’accès indépendant de la structure permettant de garantir à chaque femme d’être accompagnée lors de ses examens et le jour de son accouchement, ainsi qu’au retour précoce à domicile, caractéristique de cette structure, la maison de naissance a réussi à protéger les femmes et les familles du choc psychologique et parfois déshumanisant de la crise sanitaire.

Conclusion : Cette recherche souligne que les revendications actuelles des femmes et des familles ne concernent pas uniquement une demande de dé-médicalisation, mais aussi la préservation du caractère familial de l’accouchement. Elle met également de l’avant la nécessité absolue de renforcer la sécurité émotionnelle des femmes.

Contribution : Alors que les maisons de naissances sont en cours d’expérimentation en France, les résultats de cette recherche pourront contribuer au débat sociétal et politique.

Mots-clés: accouchement, maternité, sages-femmes, COVID-19, santé

Seul.es au monde ? Les jeunes adultes et la solitude pendant la pandémie
Cécile Van de Velde, Stéphanie Boudreault, Laureleï Berniard

Cadre de la recherche : Les jeunes adultes ont constitué le groupe d’âge ayant le plus souffert du sentiment de solitude pendant la pandémie. À ce jour, ce phénomène a principalement été approché par des indicateurs standardisés en santé mentale : nous défendons l’idée qu’une perspective sociologique peut apporter un éclairage différent sur ces expériences.

Objectifs : Cet article adopte une approche centrée sur les parcours de vie pour examiner les diverses significations de la solitude pendant la pandémie, ainsi que les conditions sociales de son émergence. Nous explorons les principales sources de solitude chez les jeunes, les émotions qui y sont liées et les stratégies adoptées pour y faire face.

Méthodologie : Notre enquête s’appuie sur l’analyse comparée de 48 récits de vie conduits en 2020 et 2021 auprès d’individus âgés de 18 à 30 ans, issus de milieux sociaux variés, à Montréal (16), en Gaspésie (16) et à Toronto (16).

Résultats : Tous les récits sont initialement marqués par l’existence d’un « choc de solitude », mais ils se polarisent fortement en trois grandes expériences différenciées : la solitude comme « gouffre », comme « combat » ou comme « ressource ».

Conclusions : On ne peut réduire la solitude pandémique des jeunes à la souffrance de l’isolement : dans notre enquête, les jeunes adultes ont été touché.es par différents types de solitude — relationnelle certes, mais aussi existentielle et politique — marquantes pour leur génération. Nous montrons également comment la précarité tend à créer un processus de « cumul des solitudes » et soulignons le rôle paradoxal des médias sociaux sur ces différents types de solitude.

Contribution : Cet article offre une meilleure compréhension des facteurs sociaux et générationnels à l’origine de la hausse marquée de la solitude des jeunes pendant la pandémie. Il permet de mieux saisir la dynamique des inégalités sociales dans ces expériences.

Mots-clés: pandémie, jeune adulte, jeunesse, parcours de vie, santé mentale, attachement, émotion, lien, soutien social, intégration sociale

Masculinité et paternité en contexte migratoire : étude des effets de la masculinité sur la construction de l’identité paternelle de nouveaux immigrants au Québec de différentes origines culturelles
Saïd Bergheul, Nebila Jean-Claude Bationo, Tano Hubert Konan, Jean Ramdé, Jessica Godin

Cadre de recherche : L’immigration dans des contextes comme celui du Canada et du Québec est susceptible d’engendrer des changements dans les fonctions masculines. Ainsi, les pères immigrants, selon leurs origines et profils, négocient et présentent différentes facettes de la masculinité pour s’adapter aux diverses réalités du pays d’accueil.

Objectifs : Cet article s’intéresse à l’impact de l’immigration sur la masculinité et l’identité paternelle de pères immigrants de différentes origines au Québec.

Méthodologie : Nous avons réalisé au total 39 entretiens avec des pères immigrants d’origine subsaharienne, maghrébine, européenne, asiatique et latino-américaine. Un guide d’entretien, avec des questions ouvertes, leur a permis de s’exprimer sur leur perception de la paternité, leur identité, leur engagement paternel et leur adaptation en contexte migratoire.

Résultats : Nos résultats indiquent que la paternité constitue une occasion de validation de la masculinité chez ces hommes. Par ailleurs, le rôle de pourvoyeur représente une expression, une valorisation et un renforcement de leur masculinité. Nous avons également constaté chez les pères immigrants une évolution de la perception et une redéfinition de la masculinité à travers l’engagement paternel afin de surmonter les difficultés d’intégration dans le pays d’accueil.

Conclusion : Cet article montre qu’au-delà des difficultés, l’immigration constitue une opportunité d’engagement et de redéfinition de la paternité et de la masculinité pour plusieurs hommes immigrants.

Contribution : Les différentes observations issues de cette étude montrent la nécessité de tenir compte de la masculinité dans la prise en charge et dans l’élaboration des programmes destinés aux pères immigrants. Enfin, l’article ouvre des pistes de recherche pour mieux comprendre différents types de paternité.

Mots-clés: masculinité, paternité, identité paternelle, immigration


L’adoption simple : une institution française au potentiel insuffisamment exploité
Guillaume Kessler

Cadre de la recherche : L’aspiration des minorités sexuelles à accéder à une parenté dont elles étaient autrefois exclues, le recul de l’âge moyen de la première grossesse et le phénomène multifactoriel de diminution du nombre d’enfants adoptables montrent qu’il est nécessaire de penser l’adoption autrement, en acceptant qu’elle ne soit pas forcément exclusive du maintien des liens avec les parents d’origine.

Objectifs : Cet article vise à identifier quels ajustements pourraient être réalisés afin de permettre à l’adoption simple de développer tout son potentiel dans le contexte sociétal contemporain.

Méthodologie : L’étude a été effectuée en s’appuyant essentiellement sur une analyse de la législation et de la jurisprudence française et des éclairages théoriques, tout en laissant une place au droit comparé (Canada, États-Unis et Cuba).

Résultats : Il apparaît que, malgré le besoin évident de reconnaissance accrue des filiations électives dans un contexte de déconnexion de la biologie et de la parenté, l’idée de reconnaître une véritable pluriparenté reste difficile à accepter pour le législateur français, et que l’adoption simple est dévalorisée en tant que source secondaire de filiation.

Conclusions : Il suffirait, pour libérer le potentiel de l’adoption simple, de procéder à de simples ajustements : équivalence des droits en matière d’autorité parentale ou de fiscalité successorale, utilisation dans le contexte de la protection de l’enfance et extension à toutes les situations de pluriparenté, dès lors qu’il est de l’intérêt de l’enfant de se voir reconnaître un parent additif.

Contribution : Cet article montre que la difficulté persistante du législateur français à tirer les conséquences des évolutions sociétales récentes qu’il a pourtant accompagnées est essentiellement liée à la ténacité du mythe de l’engendrement et que des évolutions majeures pourraient être réalisées sans grand effort, dans l’intérêt des enfants.

Mots-clés: adoption simple, adoption plénière, filiation, paternité, maternité, procréation assistée, parenté, parentalité, pluriparenté, France

Pourquoi devrais-je adopter mon propre enfant ? Le recours à l’adoption par consentement spécial pour établir la filiation d’un enfant né d’une grossesse pour autrui au Québec
Kévin Lavoie, Isabel Côté, Sophie Doucet

Cadre de la recherche : Au Québec, un enfant conçu dans le cadre d’une grossesse pour autrui (GPA) a initialement comme parents la femme qui lui a donné naissance et l’homme (ou l’un des hommes) à l’origine du projet parental. Pour que sa filiation soit établie avec le parent non statutaire, l’adoption par consentement spécial a été la voie utilisée pendant de nombreuses années.

Objectifs : Le présent article vise à dégager les enjeux que le recours à l’adoption par consentement spécial comme modalité d’affiliation en contexte de GPA peut engendrer pendant la grossesse et au moment de l’accouchement, mais aussi dans l’organisation de la vie familiale en période postnatale.

Méthodologie : Les données présentées sont issues de deux recherches qualitatives ayant recueilli les expériences des personnes directement impliquées dans une entente de GPA lors d’entrevues individuelles. Quarante-sept personnes (n = 47) ont été rencontrées, soit douze parents hétérosexuels, dix-sept pères gais et dix-huit femmes porteuses. Les données ont fait l’objet d’une analyse secondaire par thématisation.

Résultats : Les résultats se déclinent selon trois moments qui ponctuent le processus de GPA, soit 1) le sentiment de filiation des parents d’intention et le refus de la femme porteuse d’un statut de mère exprimé dès la formulation du projet parental et réitéré pendant la grossesse ; 2) la désignation de la mère légale au moment de l’accouchement ; et 3) le vécu des familles face aux institutions publiques en période postnatale.

Conclusions : La période de flottement menant à l’adoption par consentement spécial fragilise l’expérience des parents d’intention rencontrés, en plus de comporter des risques pour les femmes porteuses et les enfants ainsi nés en cas de conflits ou de dissolution de l’entente.

Contribution : Le recours à l’adoption par consentement spécial en contexte de GPA a surtout été étudié sous l’angle juridique, à travers l’analyse de jugements en matière familiale. Cette étude a permis de saisir les enjeux sous-jacents à cette modalité d’affiliation mobilisée durant une certaine période au Québec en l’absence d’encadrement légal de la GPA.

Mots-clés: adoption, congés parentaux, droit, famille, filiation, gestation pour autrui, homoparentalité, infertilité, maternité, parenté

Quand cogner à plusieurs portes n’entraine pas l’aide espérée aux parents adoptant un enfant ayant d’importantes difficultés comportementales et relationnelles
Karine Tremblay, Geneviève Pagé

Cadre de la recherche : Les enfants placés en Banque mixte peuvent présenter d’importantes difficultés comportementales et relationnelles en raison de leur expérience de négligence/maltraitance dans leur famille d’origine, ce qui aura des répercussions sur leur fonctionnement relationnel et comportemental dans leur nouvelle famille. Par conséquent, les parents qui s’en occupent au quotidien peuvent développer un trauma secondaire ou de filiation.

Objectif : Cet article présente les résultats partiels d’une étude qualitative, soit ceux concernant les démarches entreprises par les parents adoptifs pour obtenir de l’aide.

Méthodologie : Dix parents adoptifs ont été questionnés dans le cadre d’entrevues semi-dirigées sur leur motivation à entamer un projet d’adoption via le programme Banque mixte, l’arrivée de l’enfant dans leur famille, les difficultés vécues par l’enfant et leur expérience de trauma secondaire. Les entrevues ont été transcrites intégralement et soumises à une analyse de contenu.

Résultats : Après avoir expliqué les problématiques présentées par leur enfant, cet article détaille les différents services sollicités par les parents à l’égard des enjeux importants vécus dans leur famille, soit les services de première ligne, ceux du secteur privé, de l’urgence sociale, de la police et de la direction de la protection de la jeunesse (DPJ). Enfin, la place qu’occupe l’aide pour soi-même face à l’importante souffrance vécue par les parents adoptifs est détaillée.

Conclusion : Bien que l’expérience de traumas secondaires et de filiation ne concerne pas toutes les familles qui adoptent en Banque mixte, il importe de soutenir adéquatement celles dont c’est le vécu pour éviter le placement de l’enfant ou le désengagement des parents.

Contribution : Cet article souligne l’importance d’instaurer une formation uniforme et pérenne pour les postulants Banque mixte, du soutien aux parents adoptifs et de les former à la prévention des comportements agressifs chez leur enfant.

Mots-clés: adoption, banque mixte, parent adoptif, parentalité adoptive, service postadoption, trauma de filiation, trauma secondaire

« Je m’appelle… » : Récits sur les noms propres des personnes adoptées au Chili et en Argentine
Irene Salvo Agoglia, Soledad Gesteira

Cadre de la recherche : Le Chili et l’Argentine sont parmi les pays d’Amérique du Sud dans lesquels le nombre de personnes adoptées qui se trouvent soit en recherche de leurs origines, soit en pleine remise en question de celles-ci et des différentes données de leur identité personnelle a augmenté de manière exponentielle au cours de la dernière décennie.

Objectifs : Afin d’approfondir les connaissances universitaires sur les processus de (re)nomination, l’objectif spécifique de cette étude est d’explorer l’histoire que chaque participant a construite autour de son prénom et de son nom de famille (de naissance et d’adoption), ainsi que les significations qu’il donne aux processus de nomination et les opérations qu’il effectue activement à cet égard.

Méthodologie : Les données présentées dans cet article proviennent d’un sous-ensemble de 13 participants à une étude qualitative multisite au Chili et en Argentine menées auprès de 75 personnes adoptées (de manière légale ou illégale) au niveau national. Leurs expériences ont été recueillies par le biais d’entretiens qualitatifs et analysées selon des axes thématiques.

Résultats : Les récits montrent les perspectives uniques qu’ont les personnes adoptées sur le maintien, la modification ou la combinaison de leur nom, décisions que l’on peut considérer comme autant d’exercices d’affirmation et de transformation continue de leur sens de soi et des relations qu’elles établissent avec leur passé, leur présent et leur avenir.

Conclusion : La question du nom est au cœur du processus de construction de l’identité. Il est essentiel de comprendre les opérations identitaires que les personnes effectuent de manière active, réflexive et créative sur leur nom.

Contribution : À travers l’analyse des opérations identitaires que réalisent les personnes adoptées, notre article contribue à la compréhension du travail identitaire que celles-ci mènent tout au long de leur vie du fait de leur double filiation.

Mots-clés: adoption, origines, identité, nom

Faire et défaire les liens de parenté : les adoptions intrafamiliales informelles
Louise Protar

Cadre de la recherche : Cet article s’intéresse aux adoptions intrafamiliales informelles en Polynésie française et à Kiriwina, en Papouasie–Nouvelle-Guinée.

Objectifs : Il propose une grille d’analyse de la circulation des enfants.

Méthodologie : Les observations et les entretiens analysés sont issus de deux enquêtes ethnographiques. J’ai construit l’analyse des parcours de vie des personnes impliquées dans des adoptions en lien avec les écrits sur la circulation des enfants et les travaux récents en anthropologie de la parenté.

Résultats : Les adoptions intrafamiliales informelles se caractérisent par l’existence d’une relation de parenté entre les parents de naissance et les parents adoptifs, et l’absence de cadre juridique. Le terme informel renvoie à la souplesse, à la versatilité du processus d’apparentement. Ce processus a une dimension matérielle, il est construit par le travail parental, des transactions économiques et par des pratiques de transmission. Sa temporalité, essentielle à sa compréhension, n’est pas linéaire : les adoptions peuvent être défaites et certaines périodes biographiques sont propices à défaire ou à nouer les liens adoptifs. S’apparenter passe aussi par des discours, et notamment par le récit de l’adoption, qui fabrique de l’intentionnalité et énonce des affects.

Conclusion : En l’absence d’officialisation de la filiation, les adoptions informelles reposent sur une accumulation d’actes, matériels et symboliques, ponctuels et réguliers, accomplis par les parents, les autres membres de la famille et par les enfants eux-mêmes. Ces actions produisent de l’attachement.

Contribution : Cet article s’appuie sur une description de pratiques adoptives contemporaines dans deux sociétés du Pacifique différentes pour élaborer une proposition analytique transversale qui contribue à l’étude comparative de la circulation des enfants ainsi qu’à la conceptualisation de la parenté pratique.

Mots-clés: circulation des enfants, adoption, filiation, parenté pratique, Tahiti, Papouasie-Nouvelle-Guinée, temporalité, transmission

Le point sur l’adoption : changements, évolution et zones de tension
Doris Chateauneuf, Anne-Marie Piché, Carmen Lavallée

Cadre de recherche : L’adoption, comme institution créatrice de liens filiatifs, existe depuis de nombreuses années et prend différentes formes selon les lieux, les cultures et l’époque. Toutefois, l’utilisation que les acteurs sociaux en font témoigne d’une certaine conception de l’enfant, de la famille, des affiliations et des relations familiales.

Objectifs : Le présent numéro souhaite identifier l’évolution de certaines pratiques sociales et législatives en matière d’adoption, discuter des réalités familiales et identitaires associées à cette institution et comprendre comment elle s’est transformée.

Méthodologie : Les différentes contributions des autrices et auteurs mettent en lumière la multiplicité des enjeux que touchent l’adoption : non seulement celle-ci concerne différents acteurs (adoptants, adoptés et parents d’origine), mais elle soulève également des préoccupations et des réflexions de nature sociale, juridique et familiale.

Résultats : L’adoption constitue donc un objet d’étude qui se situe au carrefour de plusieurs disciplines telles que le droit, l’anthropologie, la sociologie, la psychologie et le travail social. Les différents cas de figure rapportés et discutés dans le présent numéro illustrent également la pertinence de réfléchir aux implications que pose l’adoption pour les individus, mais aussi pour les familles et pour la société dans son ensemble.

Conclusions : Ces exemples révèlent la nécessité d’aborder les problématiques associées à l’adoption dans une perspective dynamique qui tienne compte de l’évolution, des contextes et des changements relatifs à son utilisation.

Contribution : Le présent numéro se veut une contribution à ces réflexions actuelles et à venir.

Mots-clés: adoption, filiation, famille, origines, adoption internationale, protection de l’enfance


Le patrimoine des célibataires nobles : au service du patrilignage (France, xviie-xviiie siècles)
Juliette Eyméoud

Cadre de recherche : Les familles nobles du xviie siècle français, en limitant le nombre de mariages par génération, ont créé une grande quantité de célibataires, hommes comme femmes. L’idéologie patrilinéaire s’est imposée et a fait reculer les velléités égalitaires qui animait la noblesse des siècles précédents. Les individus célibataires, majoritairement des cadet‧te‧s, ont vu leurs parts d’héritage réduites ou transformées, dans l’objectif de laisser aux mains des aînés mâles le patrimoine familial.

Objectifs : Cet article souhaite interroger l’adhésion des célibataires à cette idéologie patrilinéaire. En acceptant l’ordre successoral inégalitaire et en participant activement au bien-être financier du lignage, femmes et hommes célibataires semblent avoir intériorisé leur condition subalterne, tout en développant une haute conscience de leur rôle de pilier économique.

Méthodologie : Cet article propose une étude qualitative d’hommes et femmes célibataires né‧e‧s entre la fin du xvie et la fin du xviie siècle, dans quatre familles de la noblesse française. Il s’appuie sur des sources notariales des xviie-xviiisiècles, tels que des règlements successoraux, des accords entre germains, des donations, des contrats de mariage et des testaments.

Résultats : Les célibataires transmettent leur héritage paternel aux aînés mâles, dans l’objectif revendiqué de préserver le patrimoine lignager. Ils peuvent aussi créer des donations et legs à destination de frères/sœurs célibataires ou de neveux/nièces cadet‧te‧s, mais il s’agit le plus souvent de rentes viagères ou d’héritages marginaux.

Conclusions : Les célibataires mettent leur patrimoine au service du patrilignage, en favorisant les aînés mâles et en participant au système compensatoire qui prend soin des cadet‧te‧s, diminuant ainsi les risques de conflits familiaux.

Contribution : Cet article apportera un éclairage sur l’histoire sociale de la noblesse et sur l’histoire familiale d’Ancien Régime. Il permet de jeter la lumière sur les célibataires, des individus encore méconnus.

Mots-clés: célibat, patrimoine, transmission, aînesse, cadets, noblesse

Patrimoine immobilier locatif et mobilité sociale : les économies domestiques de propriétaires de classes populaires et immigrées
Cécile Vignal

Cadre de la recherche : Dans un contexte français d’accès généralisé à la propriété immobilière depuis les années 1980, la propriété locative est longtemps restée le parent pauvre de l’analyse sociologique au profit de l’analyse de la propriété occupante.

Objectifs : Cet article vise à mesurer les modalités d’accumulation d’un patrimoine locatif pour des familles de classes populaires selon les générations et le genre et à en mesurer les effets sur les trajectoires sociales.

Méthodologie : L’article s’appuie sur l’exploitation statistique de l’enquête « Histoire de Vie et Patrimoine » (2017-2018) de l’Institut National de la Statistiques et des Etudes Economiques (Insee) et sur le matériau constitué par une enquête par entretiens auprès de 30 propriétaires bailleurs de classes supérieures, moyennes et populaires de l’agglomération de Lille. Cet article focalise l’analyse sur dix enquêtés de classes populaires dont l’un connaît une forte ascension sociale vers les classes moyennes : 5 femmes et 5 hommes, âgés de 43 à 75 ans, d’origine immigrée principalement maghrébine.

Résultats : L’analyse montre l’importance du travail matériel d’autoréhabilitation et de division des logements qui a permis de devenir propriétaire puis bailleur. La rente locative apparaît comme un moyen de stabiliser l’économie du groupe familial, comme une forme de « travail de subsistance » (Collectif Rosa Bonheur, 2019). Être propriétaire bailleur est un marqueur de réussite sociale pour les familles immigrées soutenant la mobilité sociale des enfants. L’égalité des droits de propriété sert, après une séparation ou un décès, l’autonomie des femmes qui sont parvenues à défendre la part du patrimoine qui leur revenait.

Conclusions : L’article aide à comprendre la mobilisation du groupe de parenté dans le contexte d’économies domestiques populaires et le rôle de l’espace urbain désindustrialisé dans la constitution d’un patrimoine immobilier et d’une rente locative.

Contribution : L’article contribue à la sociologie de la propriété des classes populaires et immigrées et au renouvellement des analyses sur la stratification sociale.

Mots-clés: propriétaire bailleur, classe populaire, logement locatif, famille, genre, immigré


Paul de Dieuleveult, notable légitimiste breton sous la seconde république (1848-1852) : l’aboutissement d’une ascension familiale
David Stefanelly

Cadre de la recherche : Représentant légitimiste sous la Seconde République (1848-1852), Paul de Dieuleveult (1799-1867) incarne le notable traditionnel de l’Ouest au milieu du XIXe siècle. Sa position sociale privilégiée marque l’aboutissement d’une ascension sociale débutée par son père, François-Marie, à Tréguier dans les Côtes-du-Nord.

Objectifs : Il s’agit de s’interroger sur l’importance de l’héritage familial dans l’engagement légitimiste de Paul de Dieuleveult et de ses collègues députés légitimistes.

Méthodologie : Pour y parvenir, nous nous appuierons sur les travaux de notre thèse (Stefanelly, 2013) et sur les notices biographiques des parlementaires.

Résultats : Les antécédents familiaux sont déterminants dans l’engagement légitimiste de Paul de Dieuleveult. Son père s’élève socialement grâce à ses activités médicales, à ses deux mariages successifs, à son obtention du titre de noble et à l’exercice de responsabilités locales sous la Restauration. Paul s’inscrit dans cette lignée. Il dispose grâce à lui de biens matériels et fonciers considérables. Son mariage lui permet de compléter les alliances avec les familles marquantes de la région. Son entrée en politique dans les dernières années de la Restauration concrétise l’engagement légitimiste. La monarchie de Juillet marque une rupture politique, mais il revient au premier plan de la vie politique locale en 1848 et accède à la députation. Durant son mandat, il s’emploie à faire fructifier son assise politique en s’employant à préserver un unanimisme communautaire.

Conclusion : Beaucoup de ses collègues légitimistes dans l’Ouest, principal foyer du légitimisme, s’inscrivent dans un héritage familial. Une minorité d’entre eux ont des antécédents familiaux moins marqués et ont émergé socialement grâce à leurs capacités.

Contribution : La dimension familiale est essentielle pour comprendre l’engagement politique d’un représentant légitimiste sous la Seconde République même si cela ne se vérifie pas dans tous les cas et que la dimension psychologique individuelle est une donnée à prendre en compte.

Mots-clés: politique, famille, père, sociologie, trajectoires familiales, lien familial, histoire, démocratie, communauté

Parentalité et rapport au politique en Chine post-maoïste : le combat des classes moyennes pour l’accès aux ressources éducatives
Manon Laurent

Cadre de la recherche : En Chine contemporaine, le système éducatif ultra-compétitif amène les parents de la classe moyenne à investir du temps, de l’argent et de l’énergie pour obtenir les meilleures ressources éducatives et assurer la réussite de leur enfant.

Objectifs : Dans un contexte autoritaire où la classe moyenne est souvent considérée comme un soutien à l’État-Parti au pouvoir, je montre que la défense des intérêts de leur enfant pousse des parents des classes moyennes à s’intéresser notamment aux politiques d’éducation et à dénoncer les décisions qui leur semblent injustes.

Méthodologie : J’ai réalisé une enquête empirique pendant plus de huit mois à Nanjing (RPC) en 2018, pendant laquelle j’ai mené 37 entretiens formels avec des parents. J’ai également observé les interactions entre des parents et des établissements éducatifs (publics et privés). Cette enquête empirique est complétée par une veille en ligne concernant les évolutions législatives, les débats d’opinion et la blogosphère parentale.

Résultats : J’ai observé comment la participation à des groupes de discussion en ligne, le suivi des actualités éducatives et la surveillance des activités éducatives de leur enfant font émerger une conscience politique de classe chez les parents de la classe moyenne. Ce phénomène amène certains parents à lancer des actions pour défendre leurs intérêts.

Conclusions : L’émergence d’une conscience de classe chez certains parents transforme leur rapport au politique, en redéfinissant la notion de justice, d’égalité et de conflictualité.

Contribution : Ces recherches viennent remettre en question, d’une part, la passivité des classes moyennes chinoises et, d’autre part, l’impact de la parentalité sur la socialisation politique des individus.

Mots-clés: Chine, socialisation, politique, politisation, éducation, classe sociale

Au nom du père. Engagement et désengagement d’une fille de dirigeant du Parti communiste français
Catherine Leclercq

Cadre de la recherche : En France, dans le bassin minier du Pas-de-Calais, le Parti communiste s’est structuré en politisant les communautés locales. En investissant les familles, il a rendu possible des socialisations politiques « au berceau ».

Objectifs : Cet article propose de mettre l’accent sur le rôle de l’appartenance familiale dans la formation et la transformation des positionnements politiques.

Méthodologie : À partir d’un entretien biographique mené avec une ancienne militante du Parti communiste français (PCF) dans un site et un contexte historique spécifiques, il s’agit de reconstituer une trajectoire qui éclaire les mécanismes d’attachement puis de détachement partisan.

Résultats : Irène Delvaux, née en 1936 dans le bassin minier du Pas-de-Calais, où le PCF renforce alors son influence, est une communiste « native » : venue au monde dans une famille engagée, sa socialisation militante s’amorce avec sa socialisation primaire. Fille d’un ouvrier des mines devenu dirigeant syndical, cadre et dirigeant communiste, puis député et maire, elle hérite d’une politisation « rouge ». Si elle qualifie, a posteriori, le contexte de sa jeunesse de « stalinien » et « sectaire », son récit est marqué par une admiration sans limite pour son père, qu’elle décrit comme un autodidacte dévoué et un militant exemplaire. Devenue employée municipale, elle s’investit à la « base » du parti et adopte ses politiques d’« ouverture ». Dans les années 1990, cette position la place en porte-à-faux avec l’orientation politique fédérale. Si ce désaccord contribue à sa rupture avec le PCF en 1996, le sentiment de non-reconnaissance de son père par les responsables locaux précipite son exit.

Conclusion : Cette trajectoire de femme communiste, en s’inscrivant dans des logiques indissociablement socio-historiques et affectives (formation d’un personnel politique ouvrier, évolutions stratégiques et divisions partisanes, loyauté à un père incarnant l’autorité domestique autant que politique, succession des générations dans les dynasties communistes, gestion de l’héritage), éclaire les manières dont les liens familiaux affectent le lien partisan, et réciproquement.

Contribution : Inscrit dans une entreprise d’histoire orale, ce texte est une contribution à la sociologie de la socialisation.

Mots-clés: biographie, classe populaire, engagement, famille, France, Parti communiste, père, politique


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