No 48 - 2025
Parcours et temporalités du faire famille : nouveaux imaginaires, nouvelles injonctions
Sous la direction de Catherine Négroni, Pierrine Robin, Stéphanie Gaudet
Parcours de vie et temporalités du faire famille : nouveaux imaginaires, nouvelles injonctions
Catherine Négroni, Pierrine Robin, Stéphanie Gaudet
Cadre de recherche : La recherche interroge le désajustement des parcours familiaux avec les cadres institutionnels et les désynchronisations temporelles des cours de vie. Les nouveaux imaginaires à l’œuvre dans les choix familiaux sont analysés en explorant les tensions entre logiques institutionnelles et individuelles.
Objectifs : Ce numéro « Parcours de vie et temporalités du faire famille : nouveaux imaginaires, nouvelles injonctions » a pour objectif de comprendre et d’analyser les mutations familiales par le prisme de la notion de parcours de vie et cela en regard de deux changements majeurs à l’orée de ces 50 dernières années, une dénormalisation et une désinstitutionnalisation des parcours de vie.
Méthodologie : Le propos de cet article est étayé par une brève revue des écrits sur le concept de parcours mis en regard de quelques-unes des dernières mutations familiales. Les approches s’inscrivent dans différents champs disciplinaires : la sociologie, l’anthropologie et le travail social sont essentiellement qualitatifs (entretiens, focus groups, observations…). Le numéro s’appuie sur l’expertise de recherche des auteurs ayant contribué au numéro.
Résultats : Cet article met en exergue les évolutions du faire famille, les imaginaires familiaux qui les sous-tendent et les normes politiques qui les encadrent.
Conclusions : Il apparait que les nouvelles structures d’encadrement proposées par l’État pour sécuriser les parcours de vie des personnes échouent à normaliser des transitions familiales de plus en plus nombreuses et dérégulées et la désynchronisation des existences. Ce numéro montre que les individus parviennent à la fois à se conformer à ces impératifs tout comme à les détourner témoignant de manières innovantes du faire famille.
Contribution : La contribution de ce numéro s’inscrit dans la continuité d’un champ de recherche qui remet en question le parcours de vie sur la scène scientifique et sur la scène sociale. Ce numéro documente les modalités de faire famille à l’heure d’une autonomisation des parcours de vie des cadres institutionnels et simultanément de tentatives d’encadrement par l’État des parcours familiaux. Il renseigne les temporalités diverses et éclatées des modalités du faire famille. Les différents articles donnent à voir des parcours familiaux qui se structurent autour de constructions imaginées et inédites de la famille qui apparaissent comme autant de revendications individuelles pour garder prise sur leur parcours de vie.
Mots-clés: parcours de vie, imaginaires familiaux, temporalité, transition, dénormalisation, détraditionnalisation, désinstitutionnalisation
Représentations de la conjugalité et stratégies de placement sur le marché matrimonial: Enquête ethnographique auprès d’étudiant·es haïtien·nes
Lukinson Jean, Ketleine Charles, Marie-Claire Reid
Cadre de recherche : Cet article s’inscrit dans le champ de la sociologie de la conjugalité, en s’appuyant sur les concepts de « construction conjugale » et de « cycle conjugal » proposés par Kaufmann (2014), ainsi que sur ceux de socialisation plurielle et temporelle. Il explore les représentations d’étudiant·es haïtien·nes à l’égard du mariage et des relations amoureuses, et l’effet des normes religieuses et familiales sur les processus de formation des unions.
Objectifs : L’étude a pour objectif d’analyser les stratégies affectives déployées par de jeunes femmes et de jeunes hommes inscrit·es dans une université haïtienne, ainsi que les modalités par lesquelles ils·elles construisent leur trajectoire conjugale et négocient les normes sociales associées à leurs relations amoureuses.
Méthodologie : L’analyse repose sur des entretiens semi-dirigés réalisés auprès d’étudiant·es d’une université haïtienne, visant à recueillir leurs perceptions, expériences et récits de vie relatifs à la conjugalité, au mariage et à la sexualité.
Résultats : Les trajectoires amoureuses étudiées révèlent une forte dimension économique et genrée. Face aux risques de rupture, les jeunes femmes notamment mettent en scène « leur sérieux conjugal ». La perception différenciée du « cycle conjugal » reflète aussi une tension entre aspirations individuelles et contrôle social genré.
Contributions : L’article éclaire les logiques de placement sur le marché matrimonial et les significations que les jeunes étudiant·es attribuent à Haïti à leurs pratiques sexuelles et affectives. Il met aussi en lumière les effets d’une « socialisation temporelle et morale » sur la gestion des relations conjugales.
Mots-clés: couple, famille, trajectoire conjugale, norme sociale, genre, socialisation plurielle
« Faire famille » en visionnant des séries lors de reconfigurations familiales : enjeux relationnels pour des adolescents en fin de cursus secondaire
Tatiana Daligault
Cadre de la recherche : Les recherches sur les usages des écrans dans les foyers révèlent les dynamiques familiales autour de l’organisation et du partage du visionnage de contenus audiovisuels. Les séries, avec leurs caractéristiques spécifiques, accompagnent non seulement les trajectoires individuelles, mais aussi familiales.
Objectifs : L’objectif principal de l’article est de comprendre quels enjeux relationnels porte le visionnage de séries entre membres du foyer lors de reconfigurations familiales, comprenant des recompositions et des décohabitations, pour des adolescents qui sont à une étape transitoire de leur parcours de vie.
Méthodologie : L’article se base sur le volet qualitatif d’une enquête longitudinale menée en France et en Belgique francophone, auprès de 57 adolescents en fin de cursus secondaire au début du protocole de recherche. Il comprend six vagues d’entretiens semi-directifs (N = 194) étalées sur un an et demi.
Résultats : Le visionnage familial de séries renferme des enjeux symboliques pour les adolescents lors de recompositions familiales, après le décès d’un parent ou, plus souvent, une séparation parentale, avec la mise en place d’une garde exclusive ou alternée. Dans ce cadre, regarder des séries ou non avec un beau-parent marque l’intégration ou le refus d’intégration de ce nouveau membre au sein de la famille. Les rendez-vous audiovisuels assurent le maintien d’un lien familial lors de décohabitations, que ce soit celles des adolescents enquêtés ou d’un membre de leur adelphie.
Conclusions : Loin de se limiter à du divertissement, le visionnage familial de séries à des moments spécifiques des trajectoires familiales symbolise la force des liens entre les membres de la famille.
Contribution : Par son approche longitudinale prenant en compte les reconfigurations familiales, cet article contribue à une meilleure compréhension des enjeux et fluctuations dans l’importance accordée aux pratiques culturelles entre membres de la famille.
Mots-clés: sociologie, adolescence, pratique familiale, série, trajectoire familiale, reconfiguration familiale, analyse longitudinale
Les temporalités du projet et du devenir parent : Une lecture par la sociologie du parcours et de la parentalité tardive
Hervé Levilain
Cadre de la recherche : À partir des années 1970, la contraception a permis aux femmes et aux couples de mieux contrôler le fait et le moment du passage à la famille. Autour de celle-ci, une transformation plus large du couple, de la famille et des vies et existences humaines s’est opérée, faisant peser des contraintes nouvelles, en particulier temporelles sur l’engendrement contemporain. Au centre de ce nouveau modèle normatif, le projet conjugal et le devenir parent ne vont plus immédiatement de soi et décrit comment ils émergent et se réalisent, ou non.
Objectif : Pour éclairer ces contraintes nouvelles, l’article s’intéressera à la parentalité tardive, c’est-à-dire au fait d’avoir un enfant à un âge « avancé » (au-delà de 40 ans pour les femmes). Comme « parentalité en retard », elle est une bonne analyseuse des contraintes et exigences nouvelles qui pèsent sur l’engendrement contemporain. Comme parentalité « sur le tard » et sous la pression de l’urgence de « l’horloge biologique », elle exacerbe et rend visible des logiques ordinairement diluées dans le quotidien. En cela, la parentalité tardive est un bon analyseur des formes de l’engendrement contemporain.
Méthodologie : L’enquête originale repose sur une analyse statistique et 49 entretiens biographiques auprès de parents de différentes générations. L’article reprend les principaux résultats de l’enquête et les discute au regard des écrits récents et au prisme d’une sociologie du parcours.
Résultats : L’article dégage la plasticité des formes de transaction qui font entrer dans un projet d’engendrement et engage un devenir parent. L’engendrement n’est pas réductible à un schème balistique. Il faut le penser comme une performation : les aléas, les événements et les interprétations peuvent induire des bifurcations ou des reformulations et font devenir. Il souligne l’importance de l’âge qui, loin d’être oublié, est un repère calculé et mobilisé par les femmes, les hommes, les couples, pour se situer et agir dans le cours des vies et existences.
Conclusion : L’article fait apparaitre la nécessité de penser l’engendrement contemporain en matière de contraintes, mais aussi d’agency et, de manière élargie, en matière de modèles d’accomplissement.
Contribution : Entre parcours et balistique, l’analyse proposée du modèle normatif de l’engendrement, de son cadrage temporel et des transactions entre conjoints est une contribution à une sociologie des vies et existences humaines.
Mots-clés: engendrement, couple, parcours, parentalité
Temporalités et imprévisibilité des parcours reproductifs : les expériences de l’infertilité par les citadines Camerounaises
Gishleine D. Oukouomi
Cadre de la recherche : Dans un cadre socioculturel où le mariage et la reproduction sont des éléments centraux du statut social, l’infertilité est perçue comme une menace à l’ordre social, incitant à des stratégies individuelles et familiales pour en identifier les causes et trouver des solutions. Cependant, des travaux antérieurs ont souvent adopté des définitions médicales de l’infertilité, se concentrant principalement sur la dimension biologique et négligeant les temporalités sociales.
Objectifs : Cet article examine l’influence des temporalités biologiques et sociales sur les parcours de vie des femmes confrontées à l’infertilité au Cameroun.
Méthodologie : L’échantillon se compose de sept femmes avec lesquelles des récits de vie ont été menés, retranscrits et analysés selon une approche thématique inductive à l’aide du logiciel Nvivo.
Résultats : Les femmes infertiles naviguent entre les normes socioculturelles et leurs perceptions subjectives du temps, ce qui crée des tensions significatives. L’imprévisibilité des événements sociaux et familiaux, influence fortement les stratégies de gestion adoptées par ces femmes et leurs familles. En fin de compte, les temporalités reconfigurent continuellement les trajectoires reproductives, mettant en lumière la complexité et la dynamique des expériences de l’infertilité dans le contexte camerounais.
Conclusion : L’analyse des événements imprévisibles pose des défis que la notion de temporalité permet d’approcher en apportant un rythme au récit. Ce rythme met en avant différents domaines des parcours de vie, et la manière dont l’événement imprévisible les structure et les reconfigure dans le temps.
Contribution : Cet article ouvre de nouvelles perspectives de recherches sur la prise en compte de l’imprévisibilité « sociale » dans des contextes où les normes sociales et les cultures sont souvent pensées comme étant stables et rigides, et les trajectoires de vies comme étant linéaires.
Mots-clés: reproduction, infertilité, temporalité, conjonctures vitales, Cameroun
« Un mal pour un bien ». L’expérience de la procédure d’adoption du second parent au sein de couples lesbiens en Suisse
Marta Roca i Escoda
Cadre de la recherche : En suisse à la suite d’une réforme globale du Droit de l’adoption, en vigueur depuis le janvier 2018, il est possible pour un enfant d’avoir deux parents légaux de même sexe à travers l’adoption de l’enfant de la partenaire. Si l’adoption est une ouverture importante pour la reconnaissance de la doble filiation des parentalités existantes, elle s’avère une démarche très éprouvante et pas dénouée de problèmes considérables.
Objectifs : Cet article s’intéresse aux parcours familiaux que ces procédures façonnent. Il s’attache à mesurer l’impact que ce changement légal majeur a pour ces familles. A partir des récits des vécus des mères lesbiennes qui ont entamé une procédure d’adoption de leurs enfants cet article analyse ce que ces procédures font à ces parents au couple et à la famille.
Méthodologie : L’échantillon se compose de 15 entretiens ont été menés auprès des couples ayant entamé la procédure d’adoption de leurs enfants dans les cantons de Genève et Vaud ; de 5 entretiens individuels à des mères ayant entamé les premières procédures d’adoption ainsi qu’un focus groupavec des mères engagées au sein d’une association homoparentale. Les entretiens été analysés selon une approche thématique inductive.
Résultats : Les résultats montrent que les procédures d’adoption, bien qu’elles visent à reconnaitre ces familles et à les rendre légitimement ordinaires, tend à les faire sortir de leur normalité et à surligner leur condition minoritaire.
Conclusions : Nos analyses révèlent que l’acquisition de droits légaux n’assure pas une protection contre la stigmatisation et la discrimination pour les couples de même sexe. Au contraire, ces couples doivent souvent faire face à des discriminations et à des violences institutionnelles.
Mots-clés: famille lesboparentale, adoption intrafamiliale, reconnaissance, discrimination, Suisse
Les temporalités de l’accueil par l’entourage dans les parcours des jeunes en protection de l’enfance
Bernadette Tillard, Lucy Marquet
Cadre de la recherche : En France, la protection de l’enfance tend à promouvoir l’implication des pères et mères, plus récemment celle des membres de l’entourage dans les parcours des jeunes placés.
Objectifs : Notre objectif est d’appréhender les temporalités de l’implication des membres de la parenté dans les parcours de placement et les retombées de cette implication sur la situation des jeunes au moment de la majorité.
Méthodologie : Des jeunes de 17 à 20 ans au début de la recherche ont été rencontré·es dans cinq départements français d’Île-de-France et des Hauts-de-France. Après une première vague par questionnaire auprès de 1622 jeunes de 17 à 20 ans en protection de l’enfance, un second questionnaire a été posé à 501 jeunes d’entre eux, âgés de 18-19 ans. Cette recherche longitudinale (ELAP) s’est poursuivie par la rencontre à deux reprises une centaine de jeunes en entretiens semi-directifs. Dans cette contribution, nous nous appuyons sur les propos recueillis en entretiens semi-directifs, de ceux et celles ayant déclaré avoir été hébergé·es par un adulte ayant joué pour eux un rôle parental lors de la première vague.
Résultats : Les moments de l’implication des figures parentales se situent soit en amont de la prise en charge, soit en alternance avec celle-ci, ou encore en superposition avec le placement. Chaque temporalité correspond à une forme de prise en charge distincte (substitution aux proches, alternance avec la famille ou délégation à un tiers) et s’accompagne de la persistance ou non de contacts avec les père et mère.
Conclusions : Dans les cas du maintien des liens familiaux observés principalement dans les deux dernières formes (alternance ou délégation), le jeune est davantage enclin à quitter le giron de la protection de l’enfance sans mobilisation des dispositifs de prise en charge entre 18 et 21 ans, contrairement aux cas où la protection de l’enfance constitue son seul recours.
Contribution : Cette contribution apporte une analyse des temporalités et des formes de mobilisations de figures parentales de la famille élargie telles qu’elles sont décrites par les jeunes sortants de protection de l’enfance. Elle pourra être utile pour envisager les évolutions impulsées par la réforme de 2022.
Mots-clés: parcours de vie, famille élargie, étude longitudinale, paroles de jeunes adultes, protection de l’enfance, majorité
Adelphies face à la dépendance de leur(s) ascendant(s) : configurations et trajectoires de care
Veronika Kushtanina, Cécile Charlap, Aline Chamahian, Vincent Caradec
Cadre de la recherche : La sociologie de la famille a produit des écrits abondants sur les relations entre générations et sur les couples, mais elle a porté moins souvent son regard sur les adelphies. La sociologie du vieillissement a pu interroger le care dispensé aux proches âgés, mais rarement du point de vue des configurations de care et encore moins souvent du point de vue de la résistance des configurations de care dans la durée.
Objectifs : Explorer les manières dont le travail de care se distribue dans les adelphies confrontées à la dépendance d’un parent au moment de la mise en place du care et comment cette distribution se transforme dans le temps, en France.
Méthodologie : Les données quantitatives de l’enquête CARE-ménages (un échantillon représentatif de personnes de 60 ans et plus vivant à domicile) et d’une post-enquête qualitative (récits de vie de 20 enfants aidants ayant au moins un frère ou une sœur).
Résultats : La désignation de celle ou celui qui devient l’aidant·e de première ligne suit des règles différentes selon la composition de l’adelphie. Si les sorories et les adelphies mixtes donnent le plus souvent lieu aux configurations avec une seule sœur aidante, les fratries semblent partager davantage les tâches ou les temporalités de care.
Conclusions : Au fil du temps, les configurations impliquant un partage du travail de care dans les fratries, les sorories ou les adelphies mixtes s’avèrent plus stables. En revanche, les adelphies à aidant·e unique courent davantage un risque d’instabilité lié au possible désengagement de l’aidant·e ouvrant alors un conflit entre germains au sujet de la redistribution du travail de care.
Contribution : En approfondissant et précisant les configurations de care, dans la durée, au sein des adelphies, cet article contribue à l’avancement des connaissances qui traversent la sociologie du vieillissement et de la famille.
Mots-clés: adelphie, parent âgé, care, trajectoire de care
L’expérience de stress parental de parents québécois ayant un enfant avec un diagnostic de TDAH
Marie-Claire Barbin, Claud Bisaillon, Véronique Parent
Cadre de recherche : Le trouble de déficit de l’attention/hyperactivité (TDAH) est un trouble neurodéveloppemental fréquent qui débute dans l’enfance et souvent associé à des défis multiples rencontrés par les parents concernés, notamment un stress parental plus élevé ayant des impacts négatifs en particulier sur la relation parent-enfant et sur la discipline exercée.
Objectif : L’objectif de cette étude qualitative est de décrire l’expérience de stress parental selon la perspective de parents québécois d’un enfant âgé de 7 à 12 ans ayant reçu un diagnostic trouble de déficit de l’attention/hyperactivité (TDAH).
Méthodologie : Dix parents ont participé virtuellement à une entrevue individuelle semi-structurée et ont répondu à un questionnaire sociodémographique et à l’Indice de stress parental (ISP-4), confirmant que les parents participant à l’étude présentent un niveau moyen de stress parental très élevé.
Résultats : L’analyse thématique des verbatims des entrevues a permis de dégager quatre grands thèmes : des journées éprouvantes, des préoccupations constantes, un encadrement exigeant et des stratégies personnalisées de gestion du stress.
Conclusion : Cette étude a permis de mieux comprendre l’expérience de stress parental chez des parents québécois ayant un enfant avec un TDAH et les stratégies personnelles de gestion du stress parental utilisées par ceux-ci. L’expérience des parents québécois s’apparente à celle d’autres réalités socioculturelles. Les résultats soulignent également l’importance d’apporter un soutien aux parents et de s’attarder précisément sur le stress parental vécu, et non seulement sur la prise en charge des enfants ayant un TDAH.
Contribution: Cet article contribue à une meilleure connaissance du vécu de stress parental chez les parents d’enfant ayant un TDAH. Cette connaissance vise ultimement à soutenir la mise en place d’interventions afin de soutenir les parents dans la gestion de leur stress parental.
Mots-clés: stress parental, parent, trouble de déficit de l’attention, hyperactivité, expérience subjective, étude qualitative
Les expériences de mères et d’un parent non binaire douloureux·ses chroniques : entre temporalités handicapées et genrées
Marieke Hassell-Crépeau
Cadre de la recherche : Les mères et les parents de la diversité de genre qui ont des douleurs chroniques ont des expériences sociales qui leur sont propres. En plus de devoir conjuguer avec la double journée de travail, iels vivent des temporalités particulières. Iels se retrouvent au confluent des temporalités handicapées et genrées. Le concept de temporalités handicapées (crip time) permet d’illustrer les différents vécus des personnes de la diversité capacitaire en lien avec le temps.
Objectifs : Un premier objectif de cet article est de permettre une première mise en lien des concepts de temporalités handicapées et genrées par le développement d’un cadre théorique décrivant en profondeur ce en quoi ils consistent et en définissant un nouveau concept de temporalités handigenrées. Les autres objectifs de cet article sont de saisir comment l’expérience de la douleur chronique peut influencer différents vécus de la maternité et de la parentalité et comment les structures sociales peuvent influencer les temporalités de mères et d’un parent non binaire qui ont des douleurs chroniques.
Méthodologie : La collecte de données a été effectuée à partir d’entretiens semi-dirigés auprès de parents douloureux.ses chroniques. Les entretiens ont fait l’objet d’une analyse thématique.
Résultats : Les résultats mettent en lumière la fluidité de la frontière entre les temporalités handicapées et genrées vécues par les participant·es. La charge mentale, le care et la double journée de travail viennent complexifier les temporalités handicapées.
Conclusions : L’analyse des résultats démontre les limites de la double journée de travail et le caractère genré du care, qui ajoutent des contraintes aux personnes participantes lorsqu’elles ont besoin de prendre soin d’elles et de se reposer pour limiter leur douleur.
Contribution : Le concept de temporalités handicapées (crip time) est un concept relativement nouveau, qui est peu développé dans la francophonie. Cet article contribue à développer les connaissances francophones sur les temporalités handicapées tout en permettant une alliance entre les études féministes et les études du handicap.
Mots-clés: temporalité, théorie sur le handicap, douleur chronique, maternité, parentalité, maladie chronique, charge mentale, division genrée du travail, travail reproductif, care