Card image cap
Card image cap
FR / EN

No 33 - 2019

Le corps politique de l'enfant : Dispositifs de recherche, dispositifs d'intervention
Sous la direction de Nicoletta Diasio, Régine Sirota, Louise Hamelin Brabant




L’intime et le politique. Le corps de l’enfant entre recherche scientifique et action publique
Nicoletta Diasio, Régine Sirota, Louise Hamelin Brabant

Cadre de la recherche : L’article questionne la dimension prise par le corps de l’enfant dans les sociétés contemporaines et son influence dans les dispositifs de recherche scientifique et d’intervention publique.

Objectifs : L’objectif est de montrer les enjeux politiques du corps, de la santé et de la vie des enfants, leurs manifestations historiques entre la fin du 18e et le début du 21e siècle, la manière dont s’y croisent sphère scientifique, débats sociétaux, contextes institutionnels et politiques publiques.

Méthodologie : Cette introduction se fonde sur une revue de littérature pluridisciplinaire qui mobilise des sources dans le domaine de la sociologie, de l’anthropologie, de l’histoire, des sciences de l’éducation. Elle est également issue d’une longue expérience de recherche des autrices dans des programmes de recherche collectifs focalisés sur le corps et la santé des enfants.

Résultats : L’intérêt pour le corps de l’enfant n’est pas un phénomène récent. Il se développe d’abord dans le creuset de la lutte contre la mortalité infantile, puis d’une biopolitique visant à établir ou renforcer les Etats-nations, et enfin d’un processus de médicalisation de la société, de transformations éducatives, familiales, scolaires qui mettent l’enfance au cœur de nombreuses politiques publiques. L’évolution du statut de l’enfant, la reconnaissance de son statut d’acteur, sa sacralisation conjuguée aux inquiétudes et incertitudes produites par l’évolution des normativités familiales, ont occasionné de nombreux programmes de recherche et d’intervention

Conclusions : Autour du corps des enfants, les sphères politico-administrative et scientifique entrent en dialogue, s’ignorant à des moments, se renforçant à d’autres, puisant leur légitimation dans des registres différents de normativité. Cette interaction finit par influencer la démarche des chercheurs, leur positionnement, ainsi que la place des enfants dans les pratiques de la recherche

Contribution : Nous montrons les formes spécifiques du « corps politique » quand il se réfère aux enfants : le rapport au temps ; les pratiques de bornage de l’entrée en existence et des âges de la vie ; l’importance des passages ; les concurrences et les conflits normatifs entre les différents acteurs ; des conditions d’existence et des rapports de pouvoir qui segmentent les enfances et produisent des vies inégales. Savoirs et expertises sont devenus un mode de légitimation de la mise en place des actions publiques à l’égard de l’enfance, même si leur circulation entre monde scientifique et arènes politiques n’est pas toujours linéaire ou aisée.

Mots-clés: action publique, âge, biopouvoir, corps, enfant, enfance, État, norme, politique publique, recherche, corps politique


Le corps enfantin, un espace d’affrontement normatif et un enjeu de pouvoir scientificopolitique
Gérard Neyrand

Cadre de la recherche : L’article s’attache à décrire la prise en compte de l’enfant et de son corps dans le développement de la politique de gestion des populations en France, à partir de l’itinéraire de recherche de l’auteur sur ces sujets depuis trente ans.

Objectifs : Son objectif est de rendre compte de la place grandissante de l’enfant dans la gestion politique, en partant de l’expérience de l’auteur depuis sa première recherche postdoctorale en 1982 jusqu’à la période contemporaine.

Méthodologie : Pour cela, l’auteur reprend une grande part de son travail de recherche, en le contextualisant au regard de la variation des problématiques offertes dans les appels d’offres selon les périodes et les gouvernements en place.

Résultats : Cet article démontre la place grandissante de cette préoccupation pour le politique et sa formalisation croissante à travers le développement des recherches, parallèlement à l’évolution des connaissances que la gestion politique de la recherche en sciences humaines et sociales a en grande part suscitée et au renouvellement de la normativité ainsi produite.

Conclusions : Est ainsi montrée la complexité avec laquelle évoluent les problématiques de recherche en sciences humaines et sociales en matière d’enfance, au carrefour des mutations sociales et des mœurs, des ruptures de positionnement politique liées aux changements de gouvernement, des évolutions des problématiques de recherche liées au contexte épistémologique, des modes intellectuelles qui les accompagnent et de l’encadrement de l’évolution sociale par le renouvellement des lois.

Contribution scientifique : Contribution à l’analyse de ce que Edgar Morin nomme la complexité, et qui trouve dans les politiques de l’enfance une expression privilégiée.

Mots-clés: enfance, corps, norme, politique, gestion sociale, recherche, sciences humaines, parentalisme, prévention, thérapie, coéducation, pouvoir

Un débat qui perdure : le corps de l’enfant dans les crèches françaises du XIXe siècle à aujourd’hui.
Catherine Bouve

Cadre de la recherche : Cet article s’inscrit dans la recherche historique et sociologique de la genèse des crèches françaises, au XIXe siècle. À partir d’une recherche postdoctorale sur l’histoire des crèches, la démarche est de prolonger cette sociohistoire, jusqu’à aujourd’hui.

Objectifs : L’article vise à analyser l’évolution des discours sur les pratiques, des représentations et des politiques de l’accueil de la petite enfance, à travers une institution phare, d’où découle la diversité des modes d’accueil aujourd’hui : la crèche collective. Plus précisément, la façon de penser le corps politique, social et pédagogique des enfants des crèches est au centre de l’analyse.

Méthodologie : Nous avons constitué un corpus original et une analyse documentaire de sources primaires et secondaires diversifiées (ouvrages, rapports, articles, etc.).

Résultats : Nous pensons pouvoir affirmer que la tentation normalisatrice au sein des crèches françaises depuis leur création, au XIXe siècle, jusqu’à aujourd’hui perdure. À côté du renouvellement des pratiques, liées aux avancées technologiques et scientifiques, à l’évolution des contextes social, politique, économique, etc. des représentations, les politiques visent toujours, à orienter les pratiques pour une meilleure adaptabilité des enfants et de leurs parents. Le débat sur les finalités de la crèche est un débat de société qui se renouvelle, mais dont les tensions fondamentales persistent, entre émancipation et assujettissement.

Conclusions : Comprendre les orientations politiques et les pratiques pédagogiques, d’aujourd’hui à l’aune du passé, nous semble essentiel à la construction généalogique de cette institution de la petite enfance, qu’est la crèche collective. L’évolution du curriculum des crèches depuis les années 1970, évoqué rapidement dans la seconde partie, invite à la poursuite de l’analyse sociohistorique de cette institution créée au milieu du XIXe siècle.

Contribution : Cet article apporte une contribution originale à une sociologie et à une histoire de l’enfance et des institutions de l’enfance en France.

Mots-clés: crèche, pratique éducative, norme, enfance, corps, politique publique, contrôle social, histoire, prévention, famille, soin, pouvoir

De l’enfant "placé" à l’enfant "accueilli" : du corps agi au corps agissant.
Céline Jung

Cadre de la recherche : La place de l’enfant, progressivement objet d’attention de la part de l’État, relève d’une transformation politique dans un contexte de dédoublement de la vie entre l’intime et le public. La production de connaissances accompagne cette recomposition du statut de l’enfance, construction sociale en renouvellement.

Objectifs : Cet article propose de lire ces évolutions à travers le prisme de l’enfance protégée, en s’intéressant plus particulièrement au volet administratif du dispositif. Le service de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) s’est constitué par à-coups, révélant les évolutions des regards scientifique et politique sur l’enfance.

Méthodologie : L’article s’appuie sur l’analyse socio-historique de la construction de cette politique et l’examen de 190 dossiers administratifs de l’ASE de deux départements d’Île-de-France, à partir des années 1950 jusqu’à nos jours, mis en regard avec les recherches concernant l’enfant, les évolutions de la famille et les impératifs politiques de la gestion publique.

Résultats : La recherche met au jour un corps de l’enfant modelé par les dispositifs au fur et à mesure des évolutions sociales et scientifiques, d’un corps agi à un corps agissant. Aujourd’hui, l’impératif de rendre l’enfant acteur du projet de sa protection conduit à revisiter la notion d’enfance : la sacralisation du corps de l’enfant petit accentue une vulnérabilité à protéger, tandis que le corps de l’adolescent, dans sa proximité à l’adulte, est empreint d’une dangerosité responsabilisatrice.

Conclusion : La protection publique de l’enfance accompagne le processus de transformation de la famille moderne et donne à voir comment les rapports entre famille et État recomposent les contours de l’intime et du collectif à travers le corps de l’enfant. La spécialisation et l’individualisation de l’expérience enfantine, dont rend compte aujourd’hui la sociologie de l’enfance, sont à interroger dans le cadre de nouvelles normes, entre vulnérabilité et capacité, qui ne sont pas indépendantes du contexte social de vie.

Contribution :En centrant l’analyse sur la place accordée à l’enfant dans le dispositif de protection de l’enfance, l’article met en lumière comment les corps enfantins sont saisis par le politique dans l’ordre contemporain.

Mots-clés: protection de l’enfance, approche socio-historique, enfance, corps, modernité, politique publique, parent, famille

Entre déni et considération, le corps de l’enfant dans les procédures judiciaires d’infanticides
Natacha Vellut

Cadre de la recherche: une recherche rétrospective sur les morts suspectes d’enfants de moins d’un an réalisée en France a permis de constituer deux bases de données, une base de données judiciaires et une base d’articles de presse. L’analyse de ces données a donné lieu à plusieurs publications qui précisent les déterminants psychosociaux des infanticides et caractérisent le traitement des institutions de la police, de la justice et de la presse vis-à-vis de ces homicides.

Objectifs : Il s’agit d’étudier quelle place est réservée au corps de l’enfant décédé dans ces procédures d’infanticides et d’en inférer les conceptions de l’enfant qui sous-tendent les discours et les pratiques des différents acteurs (parents, mis en cause, témoins, acteurs de la police et de la justice).

Méthodologie : L’analyse porte sur des données textuelles issues de dossiers judicaires et d’articles de presse et compare des affaires d’infanticides similaires quant aux actes incriminés, mais aux traitements judiciaires et médiatiques contrastés et présentant des conclusions judiciaires hétérogènes.

Résultats : Le corps de l’enfant décédé est considéré comme un corps-objet et non comme un corps-sujet. Ce corps-objet est instrumentalisé par les différents acteurs de la procédure dans la perspective, consciente ou non, d’influencer la conclusion judiciaire. Il est alors corps politique soumis aux rivalités de différentes légitimités.

Conclusions : Plusieurs facteurs contribuent à ce que le corps de l’enfant décédé soit objectalisé et instrumentalisé : la mort, qui en elle-même favorise une conception du corps comme objet, le manque de reconnaissance sociale des victimes qui résulte de leur jeune âge, l’idée que les enfants appartiennent aux parents. La conception de l’enfant comme personne apparaît incertaine.

Contribution : Ces affaires d’infanticide questionnent la conception de l’enfant comme personne. Il semble que deux conceptions coexistent : l’enfant est une personne dès sa naissance, l’enfant n’est pas tout à fait une personne tant qu’il n’a pas été prénommé, n’a pas développé de relations, n’a pas eu une existence sociale et publique.

Mots-clés: néonaticide, infanticide, représentation, enfant, conception de la personne, traitement judiciaire

« Healthy children, healthy nations. » Discipliner les corps reproducteurs pour la santé de qui ?
Julie Jarty, Tristan Fournier

Cadre de la recherche: À partir d’un cadre théorique et conceptuel issu de la sociologie et des études sur le genre, cet article analyse la promotion d’un récent programme international de santé à l’intention des femmes et des enfants dont l’argumentaire scientifique s’enracine dans le domaine de l’épigénétique. Il serait désormais possible, en intervenant de façon précoce sur l’environnement (nutritionnel) des individus durant les périodes préconceptionelle et périconceptionnelle (la grossesse et les deux premières années de vie des enfants), de prévenir l’apparition de pathologies chroniques à l’âge adulte.

Objectifs: Il s’agit ici de retracer l’historique de cette biopolitique (Foucault, 2004), d’en décrire son processus de légitimation, et ce afin d’interroger d’importants enjeux sociaux qui en découlent notamment sur le plan de nouvelles normes et injonctions autour de la production d’enfants (sains).

Méthodologie: Pour ce faire, nous déployons une méthodologie associant revue de littérature scientifique et grise, ethnographie de l’ONG états-unienne 1,000 Days et entretiens semi-directifs auprès d’experts internationaux (OMS, USAID, Unicef, Sun).

Résultats: Nous montrons que ce programme contribue à l’assise d’une morale profondément inégalitaire qui s’appuie d’abord sur une promesse médicale, mais s’adosse en parallèle à une promesse économique : un corps en meilleure santé serait garant tant de la productivité des enfants, alors pensés comme des adultes en devenir, que des saines finances des nations, notamment les pays des Nords.

Conclusions: En creux d’un programme focalisé sur la santé des jeunes enfants et des nations émerge un « dressage » des corps en gestation, et tout particulièrement des corps des femmes subalternes : obèses, racisées, malades ou pauvres.

Contribution: Cet article démontre les apports de la contribution scientifique des sciences sociales et des études sur le genre, aux recherches médicales sur la santé des enfants ainsi qu’à leur mise en politique.

Mots-clés: nutrition, santé publique, DOHaD, biopouvoir, genre, ONG, rapports Nord-Sud

Contrôle du poids des enfants et activité physique dans un quartier populaire strasbourgeois : modèles familiaux et recommandations de santé publique
Marine Grassler, Sandrine Knobé, William Gasparini

Cadre de la recherche : En devenant une priorité des politiques de santé publique en France, la prévention du surpoids et de l’obésité infantile a donné lieu à de nombreux programmes et actions publiques à l’échelle locale. C’est le cas de la ville de Strasbourg qui, dès 2014, a mis en place un dispositif de prévention intitulé « PRise En Charge Coordonnée des enfants Obèses et en Surpoids de Strasbourg » (PRECCOSS) destiné aux enfants âgés de 3 à 12 ans.

Objectifs : À partir d’une approche sociologique croisant l’analyse des acteurs et celle des dispositifs, l’article interroge la réception de la politique locale de lutte contre le surpoids par les enfants et leurs familles résidant en quartier populaire. L’objectif est de mieux comprendre les rapports pluriels à un dispositif visant le corps de l’enfant et ses effets.

Méthodologie : Une enquête sociologique qualitative, combinant entretiens semi-directifs et observations, a été réalisée auprès de dix familles dont au moins un des enfants était en surcharge pondérale et incité à participer au dispositif PRECCOSS.

Résultats : L’analyse comparée de familles participant ou non au dispositif permet de mettre en exergue les conflits de légitimité auxquels sont confrontés les parents, notamment les mères, entre les recommandations de santé publique en matière de lutte contre la sédentarité et les schèmes familiaux d’exercice du rôle de parent, de comportements alimentaires et de mode de vie liés à la culture d’origine.

Conclusions : En visant à réduire le décalage entre le modèle corporel dominant promu par les politiques de santé publique et la culture corporelle de ces familles, le dispositif de prise en charge de l’enfant dans sa corporéité oriente l’action familiale mais rencontre également des formes de résistance.

Contribution : Ces résultats viennent affiner et nuancer les analyses qui présentent souvent les classes populaires, par comparaison avec les classes plus favorisées, comme moins promptes à mettre en pratique les prescriptions normatives.

Mots-clés: enfant, activité physique, quartier populaire, politique publique, famille, surpoids, obésité, corps

Le corps adolescent face à la souffrance psychique : enjeux individuels, sociaux et politiques de l’hospitalisation en pédopsychiatrie.
Cristina Figueiredo

Cadre de la recherche: Dans les services d’hospitalisation pédopsychiatrique, les corps des adolescents sont soudain extraits de la sphère publique où ils doivent normalement se trouver. Le collège, le lycée, les rues entre le domicile et l’école ainsi que les lieux de rassemblements avec les pairs sont désertés par ces jeunes hospitalisés en raison de troubles psychiques. Ces derniers sont soit liés à des pathologies somatiques sous-jacentes, soit causés par une maladie mentale. Le retrait physique des jeunes, soumis à des règles strictes imposées par l’hôpital, notamment la réclusion et l’impossibilité de sortir en dehors de pauses encadrées par le personnel, pose de nombreuses questions tant aux patients qu’à leur famille.

Objectifs: Cette recherche a pour objectif de répondre à plusieurs de ces questions : comment accepter de mettre ce corps au repos, le soustraire au regard des autres ? Comment le remettre en route après l’absence, retrouver des repères, le laisser déambuler à nouveau au gré de l’espace public et du contact avec les corps de celles et ceux qui y circulent sans en être sortis ? L’enquête interroge la place du corps dans l’apprentissage de l’individualité et de la construction de la différence pour les adolescents hospitalisés. L’idée est que le séjour à l’hôpital peut être perçu comme un rite de passage afin que les jeunes réintègrent le monde public avec une nouvelle image de soi.

Méthodologie: Grâce au travail de terrain effectué pendant deux années scolaires, la parole est donnée aux adolescents, à leurs parents et aussi au personnel. L’enquête s’est faîte par une plongée dans le quotidien hospitalier. L’observation ethnographique et les entretiens ont été utilisés par l’auteure.

Résultats: Il a été possible de mesurer une partie de ce qui se joue entre le travail sur le corps et l’esprit, entre le privé et le public, le social et le politique dans un lieu d’accueil dédié aux adolescents en souffrance.

Conclusions: Un double mouvement s’opère dans l’étude du retrait des corps adolescents : celui, d’abord, d’une mise en invisibilité. Après un processus plus ou moins long de dialogues entre les professionnels, les adolescents et les familles, une socialisation des corps et des esprits permet une nouvelle visibilité de ces jeunes corps remis aux normes de la société. Les relations qui se tissent donnent à voir la manière dont les adolescents sont placés au centre de cette dynamique, les présentant comme des sujets pensants et agissants.

Contribution : Cette étude contribue à la réflexion sur la situation adolescente, notamment en reposant la question des normes physiques et psychiques qui sont tributaires des perceptions professionnelles et familiales. Celles-ci sont aussi constamment retravaillées par les adolescents même lorsqu’ils sont en souffrance et sous contrainte.

Mots-clés: adolescent, relation thérapeutique, maladie, norme, représentation sociale, souffrance psychique

Le bien-être de l’enfant : évolution d’une notion, ambiguïtés des dimensions et mesures
Claude Martin, Zoé Perron, Julia Buzaud

Cadre de la recherche : Cet article propose une revue de la littérature sur les déterminants et la mesure du bien-être des enfants, et une analyse secondaire de bases de données internationales dans le but de repérer des questions encore relativement inexpliquées.

Objectifs : Il vise à proposer des hypothèses pour expliquer les écarts entre le niveau d’investissement public dans des politiques visant les enfants et leur niveau de bien-être subjectif.

Méthodologie : Cette enquête repose sur une revue de questions et des analyses secondaires de bases de données internationales.

Résultats : L’article met en lumière l’importance de la communication entre parents et adolescents dans le sentiment de bien-être subjectif exprimé par les adolescents.

Conclusions : Des recherches qualitatives et comparatives sont nécessaires pour mieux saisir les mécanismes en cause.

Contribution scientifique : Les travaux de la chaire CNAF-EHESP « Enfance, bien-être, parentalité » sur lesquels s’appuient cet article permettent de s’interroger sur l’engouement actuel pour les questions de bien-être et de bonheur des populations afin d’améliorer leur compréhension par les sciences sociales

Mots-clés: enfance, bien-être, bonheur, déterminants, mesure

Dispositifs de recherche, d’intervention et d’action collective : quelles influences réciproques en protection de l’enfance ?
Pierrine Robin

Cadre de la recherche: Cet article s’inscrit dans le cadre d’une recherche participative en protection de l’enfance, ayant donné lieu à la mobilisation de chercheurs universitaires et pairs dans un processus d’enquête, de consultation politique puis de mobilisation collective.

Objectifs: Il interroge les liens d’influence réciproques entre dispositif de recherche, dispositif d’intervention et action collective en protection de l’enfance, en France.

Méthodologie: Pour ce faire, il mobilise les données issues du journal de bord de la recherche et propose une analyse de l’enquête.

Résultats: Dans cet article, nous montrons que le dispositif analytique participatif permet de développer de nouvelles formes de connaissance, en instaurant un nouveau rapport entre théorie et pratique, et de nouveaux modes de relation entre chercheurs, décideurs et usagers. Toutefois, nous soulignons également le risque que ce dispositif analytique innovant perde de sa fonction critique dans son rapport à des institutions cherchant à incorporer la critique tout en réduisant sa portée.

Conclusions: Il reste que ce travail montre que les dispositifs de recherche sont modelés par les dispositifs d’accompagnement dans un contexte où la participation des usagers devient la pierre angulaire de légitimation de l’utilité du travail social. En retour, les dispositifs de recherche peuvent participer à influencer les dispositifs d’accompagnement en développant de nouveaux processus de coproduction des savoirs et de reconnaissance des places et des rôles des chercheurs, décideurs, enfants et jeunes concernés, rendant possible l’émergence d’actions collectives.

Contribution: Dans la lignée des recherches interventions et des recherches « avec », cet article apporte une contribution à la réflexion sur les liens entre recherche et action publique.

Mots-clés: recherche par les pairs, protection de l’enfance, dispositif d’accompagnement


L’enfant à naître : dispositifs de contrôle dès que la vie paraît
Raymonde Gagnon

Cadre de la recherche : L’article met en lumière l’influence des technologies et de la médicalisation, dès la vie utérine, sur les femmes ayant une grossesse dite normale.

Objectifs : L’objectif est de démontrer comment le politique, les institutions et la société mettent en place des dispositifs permettant d’assurer un contrôle sur le fœtus à travers le corps de la mère et comment ceux-ci modifient le rapport à la grossesse et le développement de la relation anténatale.

Méthodologie : Une recherche qualitative avec une approche phénoménologique contextualisée a permis de recueillir les propos de vingt-cinq primipares québécoises sur leur expérience lors de la grossesse et après la naissance de l’enfant. L’analyse a été conduite dans une perspective socio-anthropologique.

Résultats : Les témoignages convergent inévitablement vers les dispositifs de contrôle mis en place autour de la procréation et de l’enfant à naître. La femme enceinte est ainsi invitée à se conformer à de nouvelles normes sociales et médicales par le biais de programmes gouvernementaux et d’un suivi de grossesse standardisé. Le pouvoir s’exerce de manière diffuse en faisant appel à sa responsabilisation face à la prise de bonnes décisions pour produire un enfant en santé. L’anticipation du risque et la technologie occupent une place prégnante sur le vécu des parents et il est difficile pour eux de s’y soustraire.

Conclusions : Les dispositifs de surveillance et de contrôle sur la vie anténatale ne cessent de croître et le développement de la technologie, avec la gamme de nouveaux dépistages génétiques, laisse entrevoir des conséquences importantes sur la signification de la «  normalité  » et l’acceptabilité des naissances hors standards.

Contribution : Cet article contribue à montrer les effets des nouvelles technologies sur l’anticipation de l’enfant et les débuts de la grossesse ainsi qu’à constater la progression de la temporalité anténatale induite par la précocité des tests de grossesse.

Mots-clés: enfant, fœtus, maternité, norme, dépistage prénatal, dépistage génétique, autonomie reproductive, soin, risque, représentation sociale, approche socio-anthropologique




Rechercher