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L’« horloge biologique » des femmes : un modèle naturaliste en question

Manon Vialle

La croissance de l’infertilité liée à l’âge dans les sociétés industrielles avancées suscite un accroissement de demandes en matière d’assistance médicale à la procréation (AMP) et amène ainsi chaque société à s’interroger sur ses normes et pratiques. En France, cette question est un révélateur de la spécificité du modèle bioéthique qui encadre les techniques d’AMP ainsi que de ses tensions et contradictions croissantes. La particularité de ce modèle est de se présenter comme strictement « thérapeutique » et de reposer sur la notion d’« infertilité pathologique ». Or c’est justement la simplicité apparente de cette distinction entre pathologie et convenance que met en question l’infertilité liée à l’âge : elle ouvre vers une approche plus complexe de l’infertilité comme phénomène liant à la fois le somatique et le social. À partir d’une enquête auprès de professionnels qui font face à l’infertilité, nous montrerons la prégnance de ce modèle thérapeutique dans leur pratique. Mais nous verrons également que le contexte sociodémographique contemporain amène à une évolution de la notion même d’infertilité et interroge ce modèle de référence. De plus, l’apparition de nouvelles techniques telles que la congélation ovocytaire renforce la mise en question du modèle bioéthique et amène à penser autrement l’opposition pathologie/convenance sur laquelle il est construit. La question est de savoir si ce modèle saura évoluer vers une vision plus complexe et moins idéologique de l’infertilité, ce qui s’avère être un enjeu important pour la société française dans les années à venir et qui va bien au-delà de l’accès aux techniques favorisant ce dépassement.




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