Les articles sous presse (acceptés pour publication) sont en ligne provisoirement dans cette rubrique dans l’attente de la publication du numéro complet auquel ils sont associés. Tous les articles ont suivi le processus d’évaluation de la revue (à double aveugle).
Les articles peuvent être cités en indiquant les informations suivantes: Noms, prénoms des auteur(s), titre de l’article, année de publication.
Cadre de la recherche : L’article s’inscrit dans le cadre d’une thèse en socio-anthropologie portant sur la transmission de la mémoire familiale de Rwandais vivant en France. Nous nous intéressons ici à la prise en charge des orphelins après le génocide des Tutsi du Rwanda.
Objectifs : L’objectif de l’article est d’amener à une meilleure compréhension des reconfigurations familiales dans le Rwanda post-génocide. Nous verrons en quoi la crise de la prise en charge des orphelins a transformé les frontières de la parenté.
Méthodologie : Nous avons effectué une étude ethnographique reposant sur un terrain « en pointillé » de 2014 à 2019. Nous avons effectué des entretiens semi-directifs avec des Rwandais vivant en France et ayant moins de 20 ans en 1994, ainsi qu’avec des membres de leur famille. Cela a été complété avec l’élaboration d’arbres de parenté et avec des observations réalisées lors de commémorations.
Résultats : Nous documentons ici diverses situations d’accueil en famille, en ménage d’enfants ou en orphelinat, qu’ont pu vivre les orphelins après le génocide. Le gouvernement rwandais a mené une politique familialiste aboutissant à la « réunification » ou au placement dans une famille. Nous présentons des configurations de maisonnées, associant ou non la parentèle, voire se protégeant d’elle.
Conclusions : Le génocide a provoqué une crise de la prise en charge des orphelins qui a mis à nu les relations de parenté, à travers les actes de solidarité ou d’hostilité. Maisonnées et lignées ont vu leurs frontières se redessiner avec les exclusions et les inclusions symboliques, affectives et matérielles des orphelins.
Contribution : L’article permet de réinscrire les relations de parenté et la parenté quotidienne dans un contexte socio-économique et historique donné, celui du Rwanda post-génocide. Il apporte un éclairage sur les changements familiaux et sociétaux qui adviennent au lendemain d’un génocide.
Les politiques sociofiscales d’incitation pour l’emploi familial saisies par les pratiques sociales : mécanismes de classe et de genre de la délégation Sebastián Pizarro Erazo
Cadre de la recherche : Depuis les années 1990, les pouvoirs publics français développent des politiques sociofiscales qui encouragent les familles à avoir recours à l’emploi à domicile pour déléguer le travail domestique, parental et du care. L’objectif est de favoriser l’aptitude des femmes à tenir des engagements sociaux pluriels. Cela dit, les travaux pointent la persistance des inégalités de classe dans la pratique de la délégation et soulignent la charge de travail qu’elle implique pour les femmes.
Objectifs : L’objectif de cet article consiste à saisir les mécanismes de classe et de genre à l’œuvre dans la pratique de la délégation. Ainsi, il cerne dans quelle mesure le régime de reproduction français contemporain, à savoir le référentiel organisationnel des pratiques de prise en charge des activités qui entretiennent la vie humaine, soulage le travail domestique dans les familles et, en particulier, du côté de femmes.
Méthodologie : À partir d’entretiens semi-directifs menés en Île-de-France dans le cadre d’une recherche doctorale en sociologie auprès de 38 familles, nous allons saisir un ensemble de mesures emblématiques du régime de reproduction d’après des pratiques familiales : les politiques sociofiscales d’incitation pour l’emploi familial.
Résultats : L’analyse montre qu’en laissant inchangé le référentiel organisationnel du régime de reproduction, les politiques sociofiscales d’incitation pour l’emploi familial maintiennent, voire renforcent les inégalités de classe et de genre.
Conclusions : Tant que le régime de reproduction français ne reviendra pas sur les fondements de son référentiel organisationnel, tout porte à croire que les politiques qui encouragent la délégation des activités familiales auront des conséquences inégalitaires.
Contribution : Cet article rend compte de la manière, dont les incohérences entre référentiels d’une part, et pratiques sociales d’autre part, freinent la portée transformatrice des politiques publiques.
Cadre de la recherche : Les inégalités d’accès aux modes d’accueil des jeunes enfants sont particulièrement fortes en France. Nous les analysons à travers la question du non-recours aux droits et aux services (Warin, 2016), afin de penser les bricolages de garde des familles vis-à-vis d’une offre publique locale.
Objectifs : L’objectif est d’analyser les différents bricolages de garde qu’opèrent les mères des milieux populaires confrontées à une offre publique très insuffisante d’accueil de la petite enfance et à des critères d’attribution qui ne leur sont pas favorables.
Méthodologie : L’enquête empirique repose sur des entretiens de type compréhensif réalisés auprès de mères (N = 27), dans trois quartiers populaires, d’une ville très faiblement dotée en modes d’accueil formel des jeunes enfants.
Résultats : L’analyse montre les différentes formes de non-recours qu’ont les mères aux modes d’accueil de jeunes enfants. Ces formes sont connectées aux situations sociales et professionnelles auxquelles elles sont confrontées en lien avec une insuffisance de l’offre locale : une non-demande assumée ou revendiquée ; une non-information et une méconnaissance de l’offre et des démarches administratives ; une non-proposition et une non-réception face à des propositions alternatives à la crèche, des gardes informelles par des proches ou au noir. Avec l’avancée en âge des enfants, les mères expriment des besoins croissants d’accueil qui visent spécifiquement leur développement et leur socialisation, et non seulement les nécessités liées à leur insertion et activité professionnelle.
Conclusion : Les difficultés rencontrées par les mères interrogent l’offre municipale dans le domaine de la petite enfance, d’un point de vue quantitatif et qualitatif, ainsi que les bricolages de garde combinant des solutions de garde formelles et informelles.
Contribution : Pour comprendre le recours ou non des mères à un accueil extrafamilial, nous soulignons l’importance de prendre en compte simultanément la situation de l’offre locale à laquelle elles sont directement confrontées et leur propre situation sociale et professionnelle.