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No 4 - 2006

La conciliation famille-travail : perspectives internationales
Sous la direction de Diane-Gabrielle Tremblay, Jens Thoemmes




Introduction - La conciliation famille-travail : perspectives internationales
Diane-Gabrielle Tremblay

Avec l’adoption dans divers pays de mesures de conciliation, notamment une nouvelle politique de congé parental au Québec, on pourrait penser que les parents n’ont plus de difficulté, aujourd’hui, à concilier emploi et famille. Or, un très grand nombre de recherches réalisées au Québec et ailleurs ont mis en lumière l’intensification, au fil des ans, des difficultés de conciliation entre la vie personnelle et la vie professionnelle, ou encore d’un conflit emploi et famille. Ce conflit s’explique par le manque de temps que vivent les parents, ce qui se traduit par un conflit entre les temps affectés au travail et ceux que l’on affecte – ou que l’on souhaite affecter – à la famille et à d’autres activités (politiques, sociales, culturelles). Ce sont souvent ces dernières activités qui sont exclues; les parents commencent par les remettre à plus tard et finissent par les exclure complètement de leur vie.

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Expériences de conciliation du travail et de la vie de famille en France et en Suède
Anna-Lena Almqvist

Dans cet article, à partir d’entrevues menées auprès de 40 familles avec jeunes enfants, en France et en Suède respectivement, nous étudions l’effet des politiques sociales et des normes de groupe sur la conciliation des vies professionnelle et familiale. Les principaux résultats de notre recherche indiquent que les conflits de rôles sont plus fréquents chez les parents suédois que chez les parents français, ce qui vient appuyer la théorie de la tension de rôle chez les Suédois. Tandis que les Suédois déplorent manquer de temps pour soi, les Françaises, en particulier, se disent insatisfaites de la division des tâches ménagères entre partenaires. Les parents français sont plus favorables à la garde individuelle au foyer ou sur le lieu de travail que les parents suédois qui, pour leur part, préconisent les services collectifs de garde de l’État.

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Vie de famille et flexibilité du temps de travail en Allemagne: le mythe de la conciliation
Kerstin Jürgens

Les études actuelles sur la famille doivent désormais envisager une nouvelle approche des conditions de vie avec enfants. Si, pour la génération précédente, la norme consistait pour le père à travailler et pour la mère à rester au foyer, l’activité à temps plein de l’homme et le travail à temps partiel de la femme constituent désormais la version modernisée du partage des tâches familiales. Les modes de garde publics pour enfants étant insuffisants, le travail à temps plein des deux parents ou des familles monoparentales est totalement inconciliable avec la prise en charge des tâches familiales. Ces dernières années, ce n’est plus seulement la durée, mais aussi et surtout les conditions et la répartition du temps de travail qui posent problème : la flexibilité du temps de travail obéit le plus souvent à une logique purement économique. Le fameux « équilibre entre le travail et la vie personnelle » reste le plus souvent un mythe.

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L’utilisation des dispositifs d’articulation de la vie familiale et de la vie professionnelle. Étude auprès de 48 entreprises de Wallonie (Belgique)
Bernard Fusulier, Silvia Giraldo, Edmond Legros

Partant d’une collecte de données de première main auprès de 48 moyennes et grandes organisations et entreprises privées installées en Wallonie (Belgique), cet article établit une première photographie de l’utilisation ou non par les travailleurs et travailleuses de mesures institutionnelles visant à soutenir l’articulation de la vie professionnelle et de la vie familiale (congé de maternité, congé de paternité, congé parental, etc.). Il identifie et comptabilise également les dispositifs extra-légaux mis en place par les organisations. Toutefois, au-delà de cette perspective descriptive, quoi qu’utile car n’existant pas à l’heure actuelle, il aborde la question des « rapports organisationnels » différenciés à l’égard de ces dispositifs. Ainsi, trois groupes d’organisations ont été identifiés. Un premier groupe que nous qualifions de « juste légaliste », un deuxième de « réticent » et, enfin, un troisième groupe qui est qualifié de « proactif » puisqu’il se démarque par la mise en place de dispositifs extra-légaux et témoigne d’un usage plus fréquent de congés moins institués comme les crédit-temps ou les congés pour soins palliatifs. Ces résultats de recherche soulignent l’utilité de poursuivre l’étude de la « médiation organisationnelle » entre les mesures institutionnelles et les comportements individuels.

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Articulation emploi-famille et temps de travail : de quelles mesures disposent les travailleurs canadiens et à quoi aspirent-ils?
Diane-Gabrielle Tremblay, Elmustapha Najem, Renaud Paquet

Nous intéressant aux mesures de conciliation emploi-famille, nous avons voulu exploiter les données de l’Enquête sur le milieu de travail et les employés (EMTE) pour évaluer la situation globale à cet égard au Canada, à l’aide de données statistiques représentatives. Nos données indiquent que les progrès observés en ce qui concerne le débat social sur la conciliation travail-famille ne se sont pas nécessairement traduits par une amélioration notable des conditions facilitantes dans les milieux de travail et il y a même eu des reculs. On observe que le nombre de jours de travail par semaine s’est légèrement accru, se rapprochant fortement de 5 jours en moyenne pour les hommes et de 4,6 pour les femmes, en 2002. Par ailleurs, un pourcentage important de la main-d’oeuvre canadienne vit des horaires de travail variables et des horaires rotatifs, ce qui a été identifié comme source de difficultés de conciliation. Par contre, une bonne partie des travailleuses et travailleurs canadiens déclare travailler un certain nombre d’heures à domicile, ce qui peut favoriser la conciliation, mais peut aussi être source d’empiètement sur la vie privée. Les données de l’EMTE montrent que les gens travaillent à la maison parce que leur travail l’exige, et non pour des motifs de conciliation. En somme, on assiste ici à un débordement du travail sur la vie personnelle. Par ailleurs, si l’aide à la garde et les services de garde chez l’employeur sont le premier souhait des parents canadiens ayant des enfants de moins de 3 ans, on constate qu’à peine plus du quart des travailleurs canadiens déclarent que leurs employeurs offrent un service à cet égard en 2002. Aussi, on a pu observer que l’offre de services de soins aux aînés ne touche qu’un dixième de travailleuses et de travailleurs canadiens. En ce qui concerne l’impact du nombre d’enfants, il a un effet ambigu sur le temps de travail, les horaires et les aspirations en matière de temps de travail. En ce qui concerne l’intérêt pour la réduction du temps de travail, l’effet est aussi ambigu mais on observe que les personnes ayant un ou deux enfants sont celles qui souhaitent un peu plus une réduction d’heures. Par contre, on note qu’il y a un lien entre le nombre d’enfants et le désir d’heures additionnelles; plus on a d’enfants, moins on veut des heures additionnelles.

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Les 35 heures en France : vers une conciliation famille-travail plus égalitaire?
Hervé Defalvard, Martine Lurol, Evelyne Polzhuber

Lors des négociations d’entreprise sur les 35 heures en France, l’analyse d’un corpus de cinquante-deux entretiens auprès de signataires d’accords Aubry I a permis de mettre en avant différentes conceptions du temps de travail : une approche englobant le professionnel et le familial pour les femmes et une approche dissociant ces temps pour les hommes ; une approche plus égalitaire pour les femmes DS et plus traditionnelle pour les autres. Ces conceptions ne se différencient cependant pas seulement à travers le statut – délégués syndicaux ou mandatés – et le genre des signataires, trois lignes de fragmentation s’opèrent au-delà de ces catégories et sont mises en avant dans cet article. Ainsi, la question du rapport sexué au travail sépare les DS femmes des DS hommes et rapproche ces derniers des mandatés hommes, voire des mandatées femmes avec lesquelles ils partagent une déclinaison au féminin de la « conciliation » du temps de travail avec le temps familial. Un effet générationnel sépare ensuite les DS et mandatés plus anciens des DS et mandatés plus jeunes qui partagent avec les acteurs de leur génération (les trentenaires) une conception plus globale et plus égalitaire des temps et qui se rapproche ainsi du rapport au temps plus homogène des femmes. Enfin, une troisième ligne de fragmentation se fait jour entre l’Ile de France et la Province, la dissociation des temps – travail d’un côté, famille de l’autre – pour les hommes est plus visible en province qu’en Ile de France où une conception plus homogène des temps se rapproche de celle des femmes et des jeunes.

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Entre statut professionnel et politique familiale : l’emploi des assistantes maternelles en France
Marie-Agnès Barrère-Maurisson, Séverine Lemière

Dans le cadre du redéploiement du régime d’État-providence amorcé depuis plusieurs années en France, des activités tendent à se professionnaliser, générant ainsi des emplois et de la protection sociale. La situation des assistances maternelles semble à ce titre symptomatique. En effet, les assistantes maternelles symbolisent la reconnaissance en compétences professionnelles d’activités longtemps associées aux tâches domestiques et familiales réalisées au sein de la sphère familiale. L’actuel projet de loi concerne près de 300 000 personnes qui pourraient ainsi prétendre à un véritable statut professionnel d’emploi. Cet emploi est au coeur de l’articulation entre vie professionnelle et familiale. Véritables « agents de conciliation » pour de nombreuses mères actives, les assistantes maternelles sont souvent elles-mêmes mères et actives, leur relation d’emploi étant au centre de l’articulation. Ce sont les parents, articulant par leur intermédiaire leur vie familiale et professionnelle, qui emploient et gèrent la relation d’emploi de ces assistantes maternelles, et constituent à ce titre une catégorie spécifique d’employeurs, les « parents-employeurs ». Sont analysées ici les caractéristiques spécifiques de cette relation d’emploi, ainsi que les conditions de la professionnalisation. Mais au-delà de la volonté institutionnelle, des ambiguïtés demeurent, notamment autour de la reconnaissance des compétences. La difficulté à créer un réel consensus social tenant sans doute à la nature particulière de l’emploi mais aussi aux intérêts des parties en présence : les assistantes, les parents-employeurs et l’Etat. Et au-delà de l’instauration d’un statut d’emploi semble se jouer un réel enjeu social, à travers l’articulation des politiques d’emploi et des politiques familiales, et la poursuite d’objectifs multiples. En particulier, le projet de loi peut être vu comme la participation de l’Etat à la « gestion de la parentalité », dans le cadre de l’institutionnalisation de procédures visant à une meilleure conciliation entre la vie professionnelle et la vie familiale des travailleurs.

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Voyage au coeur des valeurs des adolescents : la famille, grand pilier d’un système
Chantal Royer

Les études récentes sur les valeurs inscrivent la famille parmi les valeurs les plus importantes pour les jeunes provenant de différentes parties du monde. Cet article veut explorer et décrire le sens que revêt la valeur « famille » à l’adolescence. Pourquoi est-elle donc si importante pour les jeunes? L’analyse prend appui sur les données d’une étude plus vaste sur les valeurs des jeunes québécois. Les résultats documentent les représentations que les jeunes entretiennent à l’égard de la famille, décrivent leurs projets familiaux ainsi que les relations qu’ils entretiennent avec leurs parents.

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Les attentes des parents d'enfants d'âge préscolaire au regard des attitudes et des conduites éducatives des intervenants socio-éducatifs
François Larose, Bernard Terrisse, Johanne Bédard, Yves Couturier

Le discours officiel des divers réseaux canadiens et québécois de services à la petite enfance et à la famille s’inscrit, depuis près de vingt ans maintenant, dans une perspective écosystémique mettant en valeur le partenariat professionnel-famille. Dans cet article, nous présentons les résultats d’une enquête par questionnaire réalisée auprès d’un échantillon de 310 parents de jeunes enfants ayant bénéficié des services des professionnels des réseaux de la santé et des services sociaux, de l’éducation, des services de garde ainsi que de divers organismes communautaires. Après avoir défini les attentes parentales au regard des attitudes et des conduites socioéducatives des diverses catégories de professionnels, tenant compte des principaux facteurs qui les déterminent, nous conclurons en mettant en perspective les différents discours inférentiels qui qualifient actuellement ces attentes de façon externe.

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Les loisirs culturels des 6-14 ans. Contribution à une sociologie de l’enfance et de la prime adolescence
Sylvie Octobre

En France, comme ailleurs, les loisirs des moins de 15 ans n’avaient jusqu’à peu jamais fait l’objet d’investigation d’ensemble. Considérés comme des êtres infra-sociaux, à protéger contre les méfaits de certaines activités (notamment médiatiques) ou bien supposés très largement déterminés par la culture familiale, les plus jeunes n’étaient l’objet d’analyse qu’au passage à l’adolescence. On manquait ainsi d’informations sur le poids de l’enfance et de la pré-adolescence en matière de formation des goûts. L’enquête réalisée par le Département des études, de la prospective et des statistiques (DEPS) du Ministère de la Culture et de la Communication française permet de donner une vision panoramique de l’investissement des 6-14 ans dans le loisirs, rendant leurs parts respectives aux consommations médiatiques (télévision, écoute de musique, de radio, ordinateur, jeux vidéo), à la lecture, aux pratiques artistiques amateurs, à la fréquentation des équipements culturels (cinéma, bibliothèques, lieux de spectacles et de patrimoine), au sport et au jeu. Il s’agit ici de revenir sur cette enquête, dont les résultats ont été récemment publiés (Octobre, 2004), en se focalisant sur trois questions : quel est l’effet de l’âge sur la modification du rapport aux loisirs ? Quel est celui du sexe ? Comment la socialisation primaire familiale prend-elle pour objet les loisirs et contribue-t-elle à la production et à la reproduction des habitus ? Ce faisant, on contribue à la (re?)fondation d’un discours sociologique et politique sur l’enfance à travers le prisme des activités culturelles.

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