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No 36 - 2020

Famille, vieillissement, territoire et innovation sociale
Sous la direction de Majella Simard, Marco Alberio, Gérard-François Dumont




La contribution du renforcement des capacités et du territoire à l’amélioration de la qualité de vie des aînés: un défi au vieillissement
Majella Simard, Marco Alberio, Gérard-François Dumont

Cadre de la recherche : Phénomène inédit dans l’histoire démographique de l’humanité, le vieillissement de la population est, au XXIe siècle, une réalité complexe. Cette dernière découle des aspects sociaux, biologiques, mais aussi quantitatifs de ce phénomène. Le vieillissement stricto sensu, tient à un effet de structure, c’est-à-dire la hausse de la proportion des personnes âgées dans une population considérée, et la gérontocroissance, un effet de flux, qui quantifie la hausse du nombre de personnes âgées, c’est-à-dire celles de 65 ans ou plus (Dumont, 2018a). Bien que ses quatre principales causes (augmentation de l’espérance de vie, diminution du nombre de naissances, mouvements migratoires, prise en compte des évolutions démographiques passées) fassent l’unanimité chez les différents chercheurs, les manifestations, les conséquences et les réponses au vieillissement sont loin d’être homogènes (Breton et Temporal, 2019 ; Blanchet, 2013 ; Dumont, 2006 ; Simard, 2010). En effet, ses conséquences diffèrent d’un territoire à l’autre, obligeant à appréhender les enjeux de population de manières ciblées et spécifiques que ce soit sur le plan social, économique ou géopolitique (Dumont, 2016a, 2018b ; Saillant, 2016 ; Gucher, 2012 ; Hodge, 2008). Ainsi, la société voit l’ensemble de ses institutions affectées par les défis liés au vieillissement de sa population, que ce soit: les politiques, l’emploi, le travail, la santé, la famille, la protection sociale, l’aménagement et le développement territorial ou encore le fonctionnement démocratique. Ces divers enjeux influencent autant la qualité de vie des aînés (Rican et al., 2013) que la gouvernance collaborative et territoriale.

Objectifs : Cet article a pour objectif d’identifier les principaux enjeux et les défis associés au vieillissement démographique en regard de l’amélioration de l’inclusion sociale et de la qualité de vie des aînés. Ces enjeux et ces défis concernent, de manière plus spécifique, le revenu des personnes âgées, l’accessibilité et la proximité par rapport aux services, aux équipements et aux infrastructures locales, les soins prodigués aux aînés et la relève.

Méthodologie : Cet article s’appuie sur les différentes contributions de ce numéro thématique ainsi que sur l’expertise des trois auteurs. En outre, nous préconisons, à partir d’une revue de la littérature, une analyse de contenu, laquelle sera couplée à l’utilisation de données empiriques issues principalement, mais non exclusivement, de différents travaux de Statistique Canada.

Résultats : Bien que la plupart de ces enjeux et défis relèvent de la base, c’est-à-dire de l’échelon local, voire régional, leur mise en œuvre nécessite des actions énergiques impulsées par le haut, les acteurs locaux et régionaux ne disposant pas de tous outils et moyens nécessaires pour les relever, et ce, en dépit de leur bonne volonté.

Conclusions : Il est nécessaire de déployer une politique territoriale du vieillissement pour prendre en compte les particularités locales et régionales des milieux concernés ainsi que les besoins exprimés par les aînés et leur famille. Il s’agit donc, d’une part, de créer des environnements propices à l’amélioration de la qualité de vie et à l’épanouissement tant des personnes âgées que des individus qui gravitent autour de celles-ci et, d’autre part, de déployer des actions gérontologiques transversales, lesquelles supposent d’allier à la fois les intervenants endogènes et exogènes, en tenant compte des diversités territoriales du vieillissement. L’objectif est que l’avancée en âge des personnes s’effectue en leur permettant de demeurer actives dans la société, ce qui indubitablement lié à la préservation de leur santé.

Contribution: Sur le plan scientifique, notre démonstration, à l’instar de celle effectuée par les différents auteurs de ce numéro, s’appuie sur trois modèles endogènes fortement imbriqués les uns par rapport aux autres. Il s’agit du renforcement des capacités et des capabilités des acteurs, de la gouvernance collaborative et du développement local progressiste. Même si ces différents modèles constituent des vecteurs efficaces afin de stimuler les initiatives locales, et en particulier les innovations sociales porteuses de transformation sociale, ils s’avèrent insuffisants pour relever tous les multiples défis associés au vieillissement actif et en santé, lesquels nécessitent des interventions transversales déployées à l’échelon territorial.

Mots-clés: vieillissement, aîné, capacités, acteur, qualité de vie


Retraite du milieu agricole : enjeux individuels, familiaux et sociaux
Lyson Marcoux, Maxime Hébert

Cadre de la recherche : L’agriculture québécoise est encore caractérisée par des exploitations agricoles de type familial qui se transfère habituellement de génération en génération. Considérant que le mode de vie agricole québécois imbrique généralement les sphères « individuelle », « familiale » et « entrepreneuriale », que plusieurs agriculteurs sont appelés à céder leur entreprise dans les toutes prochaines années et que cette transition soulève de multiples questions et défis, les facteurs influençant l’adaptation à cette nouvelle réalité méritent d’être étudiés sous un angle psychologique reliant l’approche systémique.

Objectifs : Le but de cette étude est de mieux connaître le vécu actuel des agriculteurs en regard de la cession de leur entreprise à leurs enfants ou à un tiers.

Méthodologie : Neuf entrevues semi-structurées ont été réalisées auprès d’agriculteurs (6 hommes et 3 femmes; M = 59 ans), s’étant retirés de leur entreprise (entre 1 mois et 10 ans).

Résultats : Cette étude jette un éclairage sur les enjeux et défis inhérents au milieu agricole pendant la vie active et après la cession de l’entreprise. La résilience ressort chez tous les participants. Ces derniers demeurent généralement actifs professionnellement, ce qui ne cadre pas avec les modèles traditionnels de la retraite.

Conclusions : Considérant que la majorité des retraités de l’échantillon continuent de s’impliquer pendant et après le transfert de leur entreprise, les raisons qui les motivent ainsi que les enjeux psychologiques et familiaux qui en découlent méritent d’être approfondies.

Contribution : Cette étude trace un portrait psychologique québécois de cette transition. Considérant l’importance relatée par les participants de demeurer actifs et engagés socialement, des innovations sociales sont suggérées afin de favoriser l’adaptation à la retraite des agriculteurs qui ne peuvent continuer à œuvrer dans le domaine.

Mots-clés: retraite, santé mentale, stress, famille, entrepreneuriat, résilience, transmission intergénérationnelle, milieu agricole, relève agricole, transfert

L’expérience des difficultés économiques et les stratégies d’adaptation chez les personnes âgées canadiennes. Analyse comparée avec d’autres groupes d’âge
Maude Pugliese, Anne-Marie Séguin, Paul Fortier

Cadre de la recherche : Le vieillissement des populations induit des besoins de soutien, auxquels les services publics répondent de moins en moins. Il est dès lors pertinent d’explorer les stratégies d’adaptation mobilisées par les personnes âgées pour faire face aux défis qu’elles rencontrent, en les comparant aux autres groupes d’âge.

Objectifs : Cet article met l’accent sur les difficultés de nature économique. Il examine leur prévalence et les stratégies de réponse à ce type particulier d’enjeux en fonction de l’âge. Les différences selon les types de milieux de résidence sont aussi examinées.

Méthodologie : Les données proviennent de l’Enquête sociale générale (Statistique Canada, 2011). À partir de régressions logistiques, nous examinons le risque de vivre des difficultés à payer les factures ainsi que le recours à différentes stratégies d’adaptation selon l’âge et le type de milieu.

Résultats : Les difficultés financières sont moins communes chez les personnes âgées comparativement aux groupes plus jeunes. Lorsqu’elles sont confrontées à ces défis, les personnes âgées tablent moins souvent que les plus jeunes sur les emprunts aux proches et elles sont plus enclines à employer d’autres réponses. L’assistance financière par les proches est aussi moins fréquente hors des grands centres métropolitains qu’en leur sein.

Conclusions : Les personnes âgées vivent moins de difficultés financières et elles s’ajustent différemment à ces situations comparativement aux plus jeunes, reflétant des divergences dans les contraintes et les ressources disponibles selon l’âge.

Contribution : Alors que la littérature existante sur le vieillissement se concentre surtout sur les vulnérabilités de santé, notre étude attire l’attention sur les difficultés économiques. Contribuant aussi aux recherches sur l’entraide familiale et amicale, notre article souligne que l’assistance financière dispensée par la famille ou les amis semble moins mobilisée par les personnes âgées que par les plus jeunes au Canada.

Mots-clés: aîné, soutien financier, difficultés économiques, précarité, Canada, relation intergénérationnelle

La politique de soutien aux aidants en France : une articulation non aboutie avec le milieu associatif
Dominique Argoud

Cadre de la recherche : L’évolution de la politique publique de soutien aux aidants informels au regard du rôle joué par les associations en France.

Objectifs : Cet article a pour objectif de comprendre comment l’intervention croissante des pouvoirs publics dans l’aide aux aidants se traduit par une institutionnalisation des initiatives locales.

Méthodologie : L’article s’appuie sur une approche socio-historique de la politique menée en direction des aidants informels depuis les années 80. À l’aide de documents relatifs aux politiques publiques, mais également du recensement des actions associatives, il s’agit de retracer les interactions entre le secteur public et le secteur associatif.

Résultats : En l’espace de quelques années, l’État s’est fortement impliqué dans l’élaboration d’une politique active en direction des aidants grâce notamment à une recentralisation de sa politique médico-sociale. Mais, en réalité, cette politique repose sur un registre d’actions limité qui ne permet pas de soutenir à long terme le foisonnement des dispositifs mis en place localement.

Conclusions : Paradoxalement, l’intervention croissante de l’État dans la reconnaissance du rôle des aidants ne se traduit pas, comme par le passé, par une institutionnalisation d’innovations locales pionnières. Dès lors que ces innovations privilégient une approche plus préventive et transversale que médico-sociale, elles peinent à bénéficier de financements pérennes.

Contribution : L’analyse d’une politique publique ne peut pas se limiter à une approche par le haut. En effet, une approche par le bas s’avère complémentaire, car ce sont les interactions entre ces deux niveaux qui conditionnent la réalité.

Mots-clés: action publique, aidant, aîné, approche socio-historique, communauté, France, politique publique, proches aidants, répit

Vieillir chez soi dans la diversité des habitats de Montréal. Une opportunité d’innovation pour l’aménagement des quartiers ?
Sébastien Lord, Athanasios Boutas, Chiara Benetti, Paula Negron-Poblete

Cadre de la recherche : La démarche Municipalités amies des aînés (MADA) appelle les municipalités québécoises à mettre en place une réflexion sur des aménagements et des services qui permettraient à leur population de vieillir de manière inclusive et active. Les attributs physiques et fonctionnels du territoire ont une incidence importante sur l’expérience positive du chez-soi. Or, des changements dans la mixité sociale d’un quartier peuvent s’ajouter à ces dimensions et impacter l’expérience résidentielle des aînés.

Objectifs : Cet article vise à explorer l’expérience du vieillissement dans un contexte urbain de forts changements démographiques amenés par l’immigration d’hier et d’aujourd’hui. Il interroge comment l’immigration peut changer la dynamique du vieillissement chez soi et amener des formes d’innovation à considérer dans la gestion de la diversité urbaine.

Méthodologie : Un cadrage théorique empruntant à la gérontologie environnementale est utilisé pour analyser l’interaction entre l’aîné et les transformations de son milieu de vie. Une étude de cas est proposée par le biais de groupes de discussion menés dans 3 quartiers de l’agglomération de Montréal marqués par le vieillissement et l’immigration (Saint-Léonard, Cartierville et Parc-Extension).

Résultats : Le vieillissement chez soi dans sa communauté n’est pas une expérience linéaire et stable. Des changements de populations peuvent mener à des expériences résidentielles difficiles lorsque la configuration physique et fonctionnelle n’est pas adaptée au vieillissement (Saint-Léonard), mais aussi à des expériences positives lorsqu’elle est plus favorable (Cartierville, Parc-Extension). Des changements démographiques structurants montrent la résilience des aînés face à un environnement résidentiel changeant (Cartierville, Parc-Extension), tout comme les limites de leur adaptation (Parc-Extension, Saint-Léonard).

Conclusions : Le vieillissement dans un contexte d’immigration montre encore plus que les aînés ne forment pas un groupe homogène. Les résultats appellent à interroger de manière plus complexe l’environnement résidentiel à l’échelle du quartier, tout particulièrement la notion de vieillissement sur place.

Contribution : Le quartier peut se transformer à une vitesse et dans une dynamique où les aînés d’ici et d’ailleurs peuvent perdre prise. Les modèles théoriques en gérontologie environnementale ne rendent pas compte du caractère dynamique de cette échelle du chez-soi.

Mots-clés: vieillissement, immigration, changement urbain, chez-soi, expérience résidentielle

Les systèmes d’échange local dans les Municipalités Amies des Aînés : une initiative favorisant le «  vieillir chez soi  »
François Racicot-Lanoue, Nicolas Goudreault, Fanny Larocque-Tourangeau, Suzanne Garon

Cadre de la recherche : Parallèlement à l’augmentation des besoins liés au vieillissement de la population, ainsi qu’à la diminution de l’autonomie fonctionnelle inhérente au processus normal de l’avancée en âge, le «  vieillir chez soi  » de bien des aînés est fragilisé. Or, une majorité d’entre eux souhaitent vivre dans leur logement le plus longtemps possible. Face à ces enjeux, les initiatives gouvernementales telles que le programme Municipalités amies des aînés (MADA) et les autres services de proximité s’avèrent insuffisants. Tout en facilitant le maillage et la réalisation des actions de ces derniers, les systèmes d’échange local (SEL) constituent une innovation sociale susceptible de faciliter le «  vieillir chez soi  » des aînés.

Objectif : Proposer une conciliation originale entre les SEL et le programme MADA aux fins de faciliter le « vieillir chez soi » des aînés.

Méthodologie : Cet article offre une réflexion innovante sur l’association entre les SEL et le programme MADA en l’appliquant sur des microterritoires vécus et en explorant le rôle des parties prenantes locales.

Résultats : Une subdivision en microterritoires «  vécus  » permettrait de répondre à des besoins plus précis et représentatifs de la population tout en interpellant plus facilement les parties prenantes locales. Ces dernières peuvent soutenir les activités des SEL, entre autres en s’impliquant au sein du comité de pilotage MADA.

Conclusions : Une collaboration serait envisageable entre les comités de pilotage MADA et les parties prenantes locales à l’intérieur des SEL sur des microterritoires vécus afin de favoriser le «  vieillir chez soi  » des aînés.

Contribution : En plus de favoriser le «  vieillir chez soi  » des aînés, la mise en place des SEL pourrait permettre de briser leur isolement, de rehausser les liens intergénérationnels et favoriser l’inclusion sociale de l’ensemble des acteurs conviés à l’occasion de ses activités.

Mots-clés: aîné, municipalités amies des aînés (MADA), systèmes d’échange local, parties prenantes, soutien à domicile, territoire

Arrimage entre le RSSS et les municipalités dans le programme MADA : une analyse selon un modèle de la gouvernance collaborative
Nicolas Goudreault, Suzanne Garon, Anne Veil, Nancy Lévesque

Cadre de la recherche : Le vieillissement de la population est particulièrement rapide au Québec et s’accompagne d’une diminution du soutien aux personnes âgées (Maltais, 2018). De surcroît, les aînés représentent un groupe social à haut risque d’isolement social avec les conséquences importantes sur leur santé qui s’ensuivent (Holt-Lunstad et al., 2017). Ces problématiques requièrent la mise en place de programmes nationaux pour veiller au bien-être des aînés, tel le programme Municipalités amies des aînés (MADA). Or, le partenariat actuel entre les acteurs municipaux et ceux du RSSS est défaillant et diminue son apport à la démarche.

Objectifs : Exposer les écueils qui entravent le partenariat intersectoriel dans le programme MADA entre la municipalité et le réseau de la santé et des services sociaux (RSSS), selon le modèle de la gouvernance collaborative d’Ansell et Gash (2007). Dégager des pistes de réflexion fondées sur des expériences réalisées au Québec. L’analyse de celles-ci pourrait servir à améliorer le partenariat intersectoriel et, ultimement, à mieux répondre aux besoins de la population vieillissante.

Méthodologie : Pour illustrer l’état actuel du partenariat entre les acteurs municipaux et ceux du RSSS, nous avons eu recours à une méthode qualitative suivant trois dispositifs : 1) une recension sommaire des écrits; 2) les résultats de recherche de l’équipe de recherche MADA-Québec; 3) des entrevues avec les acteurs du milieu (aux niveaux stratégique, gestionnaire et opérationnel).

Résultats : Les entrevues ont permis de faire ressortir les écueils présents dans le partenariat intersectoriel au niveau des conditions préalables, selon le modèle de gouvernance collaborative d’Ansell et Gash. Elles ont également aidé à identifier des expériences réalisées au Québec qui peuvent servir de pistes de réflexion pour rétablir le partenariat intersectoriel.

Conclusion : Le partenariat entre acteurs municipaux et RSSS doit être optimisé afin d’assurer une réponse adéquate aux besoins des aînés dans la démarche MADA.

Contribution : L’analyse selon le modèle d’Ansell et Gash démontre une faiblesse du partenariat intersectoriel dans la démarche MADA. Les expériences présentées pourront inspirer de nouvelles pratiques prometteuses à cet égard.

Mots-clés: municipalités amies des aînés (MADA), aîné, partenariat intersectoriel, gouvernance collaborative, recherche qualitative


La « reconstruction de Soi »
Pascal Duret, Muriel Augustini, Marine Luminet

Cadre de la recherche : La séparation des couples est un phénomène aujourd’hui banal. Pourtant, loin d’être une « formalité », cette épreuve peut fortement marquer les personnes.

Objectifs : Repérer les différents parcours de reconstruction (qui n’aboutissent pas toujours à la formation d’un nouveau couple) et les facteurs qui les favorisent.

Méthodologie : Nous avons mené une enquête par entretien auprès de 87 personnes ayant vécu au moins dix ans en couple et étant séparé depuis au moins deux ans (pour laisser le temps au processus de reconstruction d’opérer). Nous avons réalisé trois entretiens avec chaque répondant.

Résultats : Les effets de la séparation varient que l’on soit la personne qui quitte ou celle qui a quitté. La personne « partante » montre qu’elle ne pouvait pas faire autrement. La personne « quittée » se présente en victime, mais pour ne pas se définir uniquement comme telle, elle endosse aussi une part de la responsabilité.

Nous avons pu identifier plusieurs parcours de « reconstruction de Soi » qui ne conduisent pas nécessairement à la formation d’un nouveau couple. L’entourage (professionnel, amical) peut se substituer à une remise en couple. Un dernier cas de figure consiste à ce qu’un temps de solitude débouche sur un renoncement à l’engagement affectif amoureux.

Conclusion : Plusieurs facteurs pèsent sur les objectifs et les modalités de la reconstruction : l’âge des enfants et la répartition de leur garde, le fantôme de l’« ex » quand il conduit à la recherche d’un conjoint identique au précédent ou au contraire à la recherche de son opposé, et le motif de la séparation (ressentie comme plus ou moins légitime).

Contribution : Cet article permet de mieux cerner la contribution de l’ancien couple dans les divers parcours de reconstruction de Soi.

Mots-clés: couple, séparation, reconstruction, parcours de vie

Soutien et non soutien parental des jeunes trans : vers une compréhension nuancée des formes de soutien et des attentes des jeunes trans
Annie Pullen Sansfaçon, Morgane A. Gelly, Maxime Faddoul, Edward Ou Jin Lee

Cadre de la recherche : Cet article porte sur les différents niveaux de soutien parental dont bénéficient (ou ne bénéficient pas) les jeunes trans.
Objectifs : Le présent article vise à définir ce qu’est le soutien parental du point de vue des jeunes trans, et à montrer comment celui-ci affecte leur bien-être.
Méthodologie : L’article s’appuie sur une recherche qualitative pour laquelle des entrevues semi-dirigées ont été menées auprès de 54 jeunes trans âgé(e)s entre 15 et 25 ans et résidant au Québec. Le processus de collecte et d’analyse des données a suivi une démarche de théorisation ancrée et a été guidé par deux concepts sensibilisateurs : la reconnaissance (Honneth) et l’intersectionnalité (Crenshaw).
Résultats : Notre recherche permet de dégager trois niveaux de soutien : soutien fort, neutralité négative et non-soutien ou rejet. Ces formes de soutien parental peuvent être inconditionnelles ou conditionnelles à ce que la jeune personne se conforme à certaines normes données. Un soutien fort qui encourage l’expression de genre favorise le bien-être des jeunes et fortifie la relation avec leurs parents. Au contraire, le non-soutien ou rejet parental affecte le bien-être des jeunes, peut les exposer à des situations plus précaires ou les conduire à chercher d’autres formes de soutien. Par ailleurs, un soutien partiel ou la neutralité négative semblent aussi affecter négativement le bien-être et l’estime de soi le la jeune personne.
Conclusion : Notre article démontre que, pour favoriser le bien-être des jeunes, l’acceptation parentale doit s’accompagner de gestes concrets qui permettent et encouragent clairement l’expression de genre des jeunes trans. Il serait valable, selon nous, d’informer et d’accompagner les parents dans le processus d’acceptation de leur enfant.
Contribution : Cet article permet de pallier un manque de données qualitatives sur le soutien parental et ses effets sur les jeunes trans, depuis la perspective des jeunes personnes elles-mêmes. Notre étude permet d’établir avec plus de finesse comment le soutien parental ou son absence s’inscrivent dans des trajectoires de vie et affectent le bien-être des jeunes trans.

Mots-clés: approche qualitative, bien-être, construction identitaire, genre, expression de genre, identité de genre, résilience, dynamique familiale, pratiques parentales, soutien parental, jeune trans

L’influence perçue de l’exposition à la violence conjugale sur les relations significatives des jeunes concernés : une perspective temporelle
Geneviève Lessard, Chantal Bourassa, Valérie Roy, Annie Dumont, Sophie M. Bisson, Pamela Alvarez-Lizotte

Cadre de la recherche : Cet article porte sur l’évolution des relations avec les personnes significatives pour les jeunes adultes ayant été exposés à de la violence conjugale pendant leur enfance ou leur adolescence.

Objectifs : Cette recherche vise à identifier les personnes ayant eu une influence importante dans le parcours de vie des jeunes concernés, à examiner comment les relations avec ces personnes significatives ont évolué à travers le temps et dans quelle mesure l’exposition à la violence conjugale a influencé ces relations.

Méthodologie : Il s’agit d’une recherche qualitative fondée sur la théorie des parcours de vie. Nous avons réalisé des entrevues semi-structurées, soutenues par l’outil du calendrier historique de vie, auprès de 45 jeunes de 18 à 25 ans.

Résultats : L’exposition à la violence conjugale affecte de façon plus importante les relations avec les parents, bien que de façon différente avec le parent qui exerce la violence qu’avec celui qui la subit. Les relations avec les autres personnes significatives (amis, fratrie, famille élargie, autres) tendent à être plus stables dans le temps, sont généralement aidantes et fluctuent moins en fonction de l’exposition à la violence conjugale que les relations parent(s)-enfant(s). Les relations amoureuses, quant à elles, impliquent parfois une revictimisation, mais sont aussi des occasions de reconstruire des relations plus saines et égalitaires.

Conclusions : Cette recherche contribue au développement des connaissances sur les relations significatives pour les jeunes ayant été exposés à de la violence conjugale. La perspective d’analyse temporelle que nous avons privilégiée permet de souligner les angles morts des recherches réalisées à ce jour et de proposer des pistes de recherche futures.

Contribution : Cette recherche suggère des pistes d’amélioration de l’aide offerte aux jeunes concernés et à leurs proches, en mobilisant davantage les relations qu’ils identifient comme significatives dans leurs différentes trajectoires de vie – familiale, amicale, amoureuse, scolaire et professionnelle.

Mots-clés: violence conjugale, enfance, adolescence, parcours de vie, relations, victimisation




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