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No 43 - 2023

Trajectoires de familles migrantes et contributions aux sociétés d’appartenance
Sous la direction de Solène Lardoux , Marie-Laurence Flahaux , Nathalie Mondain, Maman Joyce Dogba, Deirdre Meintel




Trajectoires de familles migrantes et contributions aux sociétés d’appartenance : réflexions interdisciplinaires et internationales
Solène Lardoux , Marie-Laurence Flahaux , Nathalie Mondain, Maman Joyce Dogba, Deirdre Meintel

Cadre de la recherche : Si les immigrant.e.s participent à plusieurs domaines de la société qui les accueille, leur intégration peut s’avérer difficile, plus ou moins longtemps après leur arrivée.

Objectifs : Ce numéro a pour objectif de mieux comprendre les trajectoires de familles migrantes et les contributions aux sociétés d’appartenance. Il vise à rendre compte des stratégies d’adaptation et d’intégration en fonction des histoires pré- et post-migratoires, au prisme de la famille.

Méthodologie : Les méthodes proviennent de différents champs disciplinaires tels que la sociologie, l’anthropologie, la psychiatrie sociale et transculturelle, la littérature, la psychologie, le travail social et l’histoire. Les différentes approches qualitatives concernent principalement les trajectoires familiales et individuelles, voire intergénérationnelles, dans des lieux variés.

Résultats : Les transformations familiales résultent de facteurs liés au passé familial avant la migration, mais aussi aux caractéristiques de la société où les migrant.e.s arrivent, dont la bureaucratie entourant la migration et l’installation, les services fournis (ou pas) aux familles migrantes, le manque de reconnaissance des qualifications et de l’expérience de travail, la discrimination, etc. Ces aspects « externes » à la famille peuvent conditionner les relations, le bien-être et la qualité de vie à l’intérieur de la famille.

Conclusion : La migration transforme les familles immigrantes qui arrivent ou qui se fondent dans les pays d’accueil. Leur intégration et leur participation aux sociétés d’accueil et les liens maintenus avec le pays d’origine sont influencés par une série de facteurs d’ordre individuel, familial, sociétal et mondial. En particulier, la migration des parents peut avoir des conséquences importantes sur le bien-être des enfants qui ont pu vivre des traumatismes et de l’anxiété, suite à des situations difficiles rencontrées dans leur parcours.

Contribution : À partir d’une approche qualitative multidisciplinaire, les auteur.e.s montrent l’importance de documenter les enjeux familiaux associés à la migration. La complexité des parcours, la résilience des migrant.e.s, leur capacité d’adaptation à la société d’accueil décrits dans ce numéro témoignent de l’urgence à œuvrer pour mieux reconnaître leurs compétences, simplifier les procédures administratives et faciliter leur accès aux soins de santé.

Mots-clés: migrants internationaux, famille, couple, genre, trajectoires, intégration, participation, politique, retour, santé mentale jeunesse


Migrer en couple : évolutions des dynamiques conjugales et redéfinition des priorités face aux épreuves migratoires
Anna Goudet

Cadre de la recherche : Les défis rencontrés par les familles immigrantes au Québec sont bien documentés, mais nous en savons peu sur leurs effets sur les couples, notamment ceux qui se maintiennent. Les écrits scientifiques sur les dynamiques conjugales en migration se limitent souvent au potentiel émancipateur de la migration pour les femmes au sein de leur couple. Un pan des écrits révèle néanmoins comment la famille devient un refuge face aux inégalités structurelles vécues en migration, ce qui ne se produit pas sans asymétries entre conjoints.

Objectifs : Proposer une nouvelle lecture des dynamiques conjugales en migration à partir du cas de couples hautement qualifiés et biactifs par le prisme de la gestion de l’argent et des arbitrages résidentiels entre conjoints.

Méthodologie : Le matériau empirique provient d’entretiens individuels de type « récits de lieux de vie » réalisés avec des personnes immigrantes (n=25) de diverses origines, en couple hétérosexuel, cohabitant et parent, installées dans la région de Montréal et sélectionnées dans la catégorie des « travailleurs qualifiés » par le Québec.

Résultats : Trois manières de « faire couple » en migration émergent. Elles dépendent à la fois de l’idéal conjugal prémigratoire, de la confrontation aux épreuves migratoires et de la redéfinition des priorités des conjoints pendant l’établissement. Le poids des épreuves migratoires est différencié selon les couples, leurs ressources et leurs caractéristiques.

Conclusions : Nos analyses montrent que les épreuves migratoires redéfinissent la notion de « réussite » du projet migratoire pour ces couples, dans laquelle la priorité accordée au bien-être familial est accrue. Le parcours migratoire devient ainsi un moteur possible d’inégalités au sein des couples, au détriment des conjointes.

Contribution : De meilleures conditions d’établissement sont nécessaires pour que ces conjoints puissent conjuguer leurs conceptions idéales du couple avec leur nouvelle réalité.

Mots-clés: couple, immigration, argent, logement, genre

Immigration, désirs d’enfant et projets familiaux : étude sur les parcours de vie de femmes sud-asiatiques récemment immigrées à Montréal
Jacqueline Schneider

Cadre de la recherche : Peu d’études québécoises adoptent un angle d’analyse capable de cibler les enjeux structurels affectant la sphère de la reproduction des femmes immigrantes, notamment celles originaires du Sud global, qui peuvent être marquées par des enjeux spécifiques.

Objectifs : Cet article analyse les reconstructions du désir d’enfants et des projets familiaux de femmes sud-asiatiques récemment immigrées à Montréal, avec un accent particulier sur les enjeux structurels qui les façonnent et les réponses formulées par les femmes à cet égard.

Méthodologie : L’étude a été effectuée à partir d’une recherche ethnographique menée pendant 13 mois dans un quartier Montréalais où 39 récits biographiques concentrés sur la période périnatale ont été documentés, corpus auxquelles huit études de cas s’ajoutent.

Résultats : Des femmes ayant le projet professionnel inhérent au projet migratoire dessinent leurs désirs d’enfant via des stratégies identitaires déployées en réponse aux difficultés d’intégration dans le monde du travail professionnel. De leur côté, les demandeuses d’asile semblent déployer des stratégies identitaires lorsqu’elles jouent sur la fécondité afin de composer avec leurs contextes de vie, mais peuvent être contraintes par le statut migratoire. Enfin, des femmes parrainées décident de suspendre de nouvelles grossesses notamment en raison de l’appauvrissement du réseau féminin d’entraide.

Conclusion : Les projets d’immigration avec les statuts migratoires et les projections post-migratoires qu’ils impliquent agissent comme une forme de gouvernance sur la négociation du rapport à la reproduction des femmes rencontrées et structurent les dimensions les plus intimes des identités.

Contribution : Notre article remet ainsi en cause l’idée selon laquelle l’immigration au Nord serait une expérience potentiellement libératrice pour les femmes venues du Sud.

Mots-clés: désir d’enfant, projet familial, fécondité, politiques de la reproduction, stratégies identitaires, projet migratoire, immigration, périnatalité, femmes sud-asiatiques

Être parent à l’intersection de différents contextes socioculturels : l’expérience de mères réfugiées originaires du Moyen-Orient au Québec, Canada
Caroline Clavel, Liesette Brunson, Thomas Saïas

Cadre de la recherche : Les parents réfugiés sont particulièrement à risque de vivre des difficultés structurelles, sociales et de santé mentale lors de leur arrivée au Québec. Parmi les multiples défis rencontrés, l’établissement dans un contexte socioculturel différent de celui de leur pays d’origine peut entraîner des difficultés importantes, en particulier lorsque ces contextes comportent des éléments discordants. Ces défis risquent d’être accrus lorsque les enfants sont âgés entre 0 et 5 ans.

Objectifs 
: La présente étude explore l’expérience de la parentalité chez les mères réfugiées qui se trouvent à l’intersection de différents contextes socioculturels et qui ont un enfant entre 0 et 5 ans. De quelle manière vivent-elles leur parentalité face à des éléments culturels différents ?

Méthodologie 
: Quinze participantes ont été rencontrées via des entretiens semi-structurés au sujet de leurs valeurs, leurs objectifs parentaux, ainsi que des défis qu’elles ont rencontrés en tant que mères depuis leur arrivée dans le contexte socioculturel québécois.

Résultats 
: Les résultats révèlent des différences socioculturelles au sein de trois thèmes : 1) la manière de concevoir la famille et les liens en son sein, 2) la manière de concevoir les liens avec le voisinage, comme réseau de soutien, et 3) la manière de concevoir les libertés et les droits individuels de leur enfant.

Conclusions 
: L’analyse des résultats met en lumière une différence sous-jacente aux trois thèmes : l’importance du collectif dans la vie quotidienne des participantes, par rapport à l’individualisme qui prévaut selon elles au Québec. La discussion permet de souligner la dimension multisystémique de cette différence et illustre la manière dont elle affecte l’expérience des mères réfugiées au quotidien.

Contribution 
: L’étude permet de mieux comprendre l’expérience d’établissement des mères réfugiées au Québec. Plusieurs recommandations et pistes d’intervention sont proposées pour favoriser l’accompagnement des familles réfugiées.

Mots-clés: réfugié, migration forcée, parentalité, petite enfance, maternité, culture, post-migration

L’influence des relations familiales dans le processus migratoire : le cas de l’émigration guadeloupéenne avec le BUMIDOM (1963-1981)
Malika Danican

Cadre de la recherche : Avec le concours du Bureau des migrations intéressant les Départements d’Outre-mer (BUMIDOM) des milliers de Guadeloupéens ont quitté leur île pour un avenir meilleur. Dans la décision du départ, ou celle du retour, les liens familiaux ont influencé leurs choix et expérience migratoire.

Objectif : Cet article s’intéresse aux mécanismes qui opèrent au sein du couple et de la famille élargie et qui influencent le processus migratoire des Guadeloupéens ayant émigré en France hexagonale entre 1963 et 1981 avec le BUMIDOM.

Méthodologie : Des entretiens individuels semi-directifs de type récits de vie ont été réalisés en Guadeloupe et en France avec 31 participants de la politique migratoire au départ de la Guadeloupe entre 1963-1981 et âgés de 64 à 87 ans au moment de l’entretien en 2022. L’approche parcours de vie comme cadre d’analyse permet une mise en lumière des similitudes et divergences d’expériences, et l’analyse de discours d’appréhender la manière dont la famille intervient dans les choix migratoires.

Résultats : Si les motivations de départ expriment de prime abord un besoin d’individualisation et d’émancipation, l’expérience migratoire est significativement orientée et influencée par l’imaginaire migratoire et les liens familiaux. La question du « retour au pays », quand elle se pose, marque les limites de l’individualisation et détermine souvent le choix de la société d’appartenance.

Conclusion : Les dynamiques familiales font partie intégrante du choix d’émigrer. Les choix migratoires sont influencés par l’imaginaire et les représentations de la société d’accueil ; ces représentations circulent dans la société d’émigration et sont véhiculées à la fois par les migrants eux-mêmes ou leur entourage.

Contribution : Les familles jouent un rôle primordial dans les processus d’émigration. Cet article remet en question les limites de l’individualisation des trajectoires, et met l’accent sur les logiques familiales qui influencent les choix en contexte migratoire.

Mots-clés: parcours de vie, famille, France, politiques migratoires, trajectoires, Guadeloupe, imaginaire migratoire, BUMIDOM

Des transformations familiales à l’épreuve des procédures de demande d’asile en France
Naoual Mahroug

Cadre de la recherche : La réflexion s’inscrit au croisement de deux champs théoriques : celui relatif à la condition de l’exilé et la sociologie de la famille.

Objectif L’article vise à analyser les reconfigurations familiales imbriquées aux procédures de demande d’asile.

Méthodologie Un terrain ethnographique de deux ans (2018-2019) a été mené au sein d’un Centre d’hébergement d’urgence pour migrants (CHUM) et d’un Centre de premier accueil (CPA) gérés par une association. Les familles hébergées viennent majoritairement d’Albanie, d’Afghanistan, du Soudan, de l’Érythrée et de la Somalie.

Résultats : Une naissance, la formation d’un couple ou encore une séparation constituent autant d’événements qui inscrivent les familles exilées dans des situations antinomiques entre une stabilité générée par ces événements familiaux supposant une projection dans l’avenir et l’insécurité des procédures de l’asile imposant un blocage dans le présent. Ces événements de vie familiale sont mobilisés de façon différente par les familles migrantes : soit mobiliser comme le support d’une émancipation, comme un facteur de « vulnérabilité » pour tenter d’améliorer les conditions de vie ou saisi comme un savoir expérientiel.

Conclusions : Les temporalités des procédures de demande l’asile et celles des changements familiaux s’entrechoquent jusqu’à générer des situations de grande instabilité. Plus encore, la superposition des statuts (celui de demandeuse d’asile, de femme et de mère de famille) induit des paradoxes, voire des sentiments d’ambivalence, dans le quotidien de ces femmes hébergées dans des centres.

Contribution Au-delà des réalités françaises, l’article permet de penser les expériences des demandeuses d’asile dans les centres d’hébergement par le prisme de leurs projets familiaux. Ainsi, il permet de se décaler quelque peu des procédures d’asile telles qu’elles s’imposent aux exilés pour saisir des subjectivités via les changements familiaux. Nous comprenons dans le contexte de l’urgence comment les familles se construisent, comment les liens se font et se défont.

Mots-clés: centre d'hébergement pour migrants, exil, ethnographie, France, subjectivité, reconfiguration familiale

Jeux d’alliances, continuité et effacement des origines
Patricia Bessaoud-Alonso

Cadre de la recherche : Dans cet article, la famille étudiée a connu des vagues successives de « déplacement » dans des temporalités et spatialités différentes : de l’Espagne à l’Algérie, puis de l’Algérie à la France. Le roman familial (de Gaulejac, 2007) se construit sur des emprunts successifs et réélaborés à chaque génération pour chacun des sujets qui le composent. Ce processus s’inscrit dans un « entre-deux » entre l’identification et l’éloignement à la culture d’origine. Les générations étudiées ont un rapport différent au temps et à l’identité « première » signifiée par le patronyme, celui-ci oscillant entre domination et assujettissement (Foucault, 1976 ; 1993) dans la complexité de l’humain à devenir un sujet à part entière dans sa propre institution familiale. La généalogie familiale reflète les affres historico-politiques qui ont marqué les trajectoires sociales migratoires ainsi que les constructions subjectives conscientes et inconscientes de ces membres.

Objectifs : La visée de cet article est de saisir comment les trajectoires familiales sont traversées par des jeux d’alliances, des stratégies d’effacement des origines et des continuités et ruptures.

Méthodologie : Pour cette étude au long cours, la méthodologie déployée est qualitative (entretiens non directifs, observation de type ethnographique, entretiens collectifs), archives familiales et historiques.

Résultats : Le sentiment d’appartenance à l’Algérie coloniale s’est construit puis déconstruit dans cette famille. Les traces mnésiques et les transformations sociales ont agi sur la reconnaissance à l’histoire migratoire chez les plus jeunes.

Conclusion : L’histoire familiale en contexte colonial et en métropole a été réélaborée à chaque génération entre effacement des origines et transmission intergénérationnelle.

Contribution : L’histoire familiale traversée par un contexte qui pousse à l’exil, celui des pieds-noirs d’Algérie, s’inscrit dans un processus premier similaire à toute trajectoire migratoire.

Mots-clés: trajectoires familiales, jeux d'alliances, transformations sociales et subjectives

Approche herméneutique de l’expérience des enfants de familles migrantes lors de la consultation en santé mentale jeunesse : fragilité, apprivoisement par l’art et réenchantement du monde
Prudence Caldairou-Bessette, Laurance Ouellet-Tremblay, Lucie Nadeau, Mélanie Vachon

Cadre de la recherche : Comme la migration, particulièrement lorsque forcée peut affecter psychologiquement les enfants, la consultation en santé mentale jeunesse (SMJ) peut faire partie du parcours des familles migrantes. Alors que de rares articles décrivent cette expérience pour les familles et les jeunes (école secondaire), celle des enfants (école primaire) reste encore moins explorée.

Objectif : Cet article se penche sur les données d’entretiens intégrant jeux et dessins menés auprès de 20 enfants de 15 familles migrantes ayant consulté en SMJ (dont certaines réfugiées, demandeuses d’asile ou sans statut). L’objectif est d’explorer l’expérience des enfants en intégrant une méthode d’analyse innovatrice basée sur l’art.

Méthodologie : Nous proposons une méthode herméneutique combinant la psychiatrie transculturelle, la psychologie humaniste et l’interprétation des données par la création littéraire. En cohérence avec ces ancrages, les données d’entretien sont présentées de manière narrative sous la forme d’exemples. L’interprétation des données inclut la création d’un texte littéraire intitulé Jungle et religion.

Résultats : L’interprétation fait ressortir trois volets de l’expérience des enfants : 1) l’expérience migratoire et la fragilité qu’elle implique, 2) le recours à l’art et au jeu comme moyens d’apprivoisement du trauma, et 3) l’idéalisation de l’intervention.

Conclusion : L’expérience comprise des enfants met en lumière à la fois la confusion/peur induite par la migration et la place compensatrice que l’intervention peut prendre, et qui crée la possibilité de vivre des espoirs déçus, mais aussi celle de reconstruire le monde pour l’enfant.

Contribution : L’interprétation des résultats basée sur l’art et la création littéraire a permis de traduire l’expérience des enfants plus justement et de mieux la représenter en langage écrit, alors qu’elle nous a principalement été transmise par les enfants en paroles, en jeux et en images.

Mots-clés: expérience des enfants, santé mentale jeunesse, famille migrante, psychiatrie transculturelle, psychologie humaniste, approche narrative, herméneutique, recherche basée sur l'art, recherche basée sur la fiction, création littéraire


Comment les pères se représentent-ils leur engagement paternel et leur relation aux professionnel.le.s de la petite enfance ?
Cecilia Scacchitti, Bernard Fusulier, Céline Mahieu

Cadre de la recherche : Il est aujourd’hui bien documenté que les pères s’impliquent davantage qu’auparavant dans le soin et l’éducation de leurs enfants, même si ces implications ne sont pas monolithiques et dépendent de nombreux facteurs contextuels et internes aux familles. En outre, les relations qui s’établissent entre les pères et les professionnel.le.s de l’enfance posent encore question.

Objectifs : L’objectif est d’apporter une contribution à la compréhension des conceptions et représentations que les pères ont de leur rôle à partir d’une enquête qualitative réalisée en Belgique francophone. Il s’est agi de saisir comment ils conçoivent leur engagement paternel et leurs relations aux professionnel.le.s de l’accompagnement médico-social.

Méthodologie : En Belgique francophone, une enquête par entretiens semi-directifs a été menée auprès de 21 pères de jeunes enfants. L’analyse s’est basée sur la réalisation de récits compréhensifs et portraits dont les convergences et divergences ont été repérées pour reconstituer des idéaux types.

Résultats : À partir de l’analyse des entretiens, les auteur.e.s exposent quatre idéaux types d’engagement paternel, tout en soulignant les attentes qui y sont associées en ce qui concerne l’intervention des professionnel.le.s.

Conclusion : Face à la montée en puissance de l’engagement paternel et à la diversité des formes qu’il prend, il est essentiel pour les professionnel.le.s de la petite enfance d’interroger les représentations que les pères ont de leur rôle et des rapports qu’ils souhaitent entretenir avec eux.

Contribution : Cet article permet de mettre en lumière la diversité de points de vue des pères aujourd’hui en Belgique francophone à propos de leur implication paternelle, d’interroger le degré d’adéquation ou d’inadéquation entre le système d’attentes variées de la part des pères et la façon dont les professionnel.le.s sont susceptibles d’y répondre.

Mots-clés: paternité, engagement parental, identité paternelle, évaluation paternelle, professionnels de la santé, relation thérapeutique, soutien parental, Belgique

Endettement et santé mentale : Le rôle de l’organisation financière et de la distribution des responsabilités économiques au sein du couple
Caroline Henchoz, Tristan Coste, Boris Wernli

Cadre de la recherche : Les dettes ont été peu étudiées en tant que désavantage socio-économique contribuant à une mauvaise santé. Selon les écrits scientifiques, un endettement problématique est lié à une moins bonne santé mentale. Cela est notamment attribué aux difficultés de gestion financière qu’implique cette situation, mais les mécanismes de ce lien sont mal connus.

Objectifs : L’objectif de cet article est de vérifier si l’effet d’une dette sur la santé mentale varie en fonction de l’organisation financière et de la distribution des responsabilités économiques au sein du couple.

Méthodologie : Cet article utilise les analyses longitudinales des données du Panel suisse de ménages (PSM) (1999-2019).

Résultats : Si l’approche longitudinale démontre que la survenue d’une dette problématique engendre une baisse de la santé mentale, nos résultats ne permettent pas de confirmer l’influence de l’organisation financière. Nous montrons toutefois qu’il existe différents types de gestion parmi les couples endettés et que dans la majorité des cas, un seul des conjoints en assume la charge, la femme plus souvent que l’homme. Or les femmes ont le niveau de santé mentale le plus faible, sans doute parce qu’elles gèrent plus souvent les finances des ménages les plus précaires.

Conclusions : Les modes de gestion financière sont associés à des niveaux de santé mentale différents, mais ce lien n’a pas pu être mis en évidence lors de la survenue d’un événement isolé (l’endettement problématique) mesuré de manière ponctuelle. Nous supposons que l’organisation financière a une influence à plus long terme.

Contribution : Notre étude contribue aux connaissances sur les dimensions socio-économiques de la santé. En ouvrant la boîte noire des ménages, elle explore l’organisation financière, un angle mort de la recherche sur les liens entre santé mentale et endettement.

Mots-clés: argent, dette, analyse longitudinale, santé mentale, genre, panel suisse de ménage, gestion, organisation financière

Relais ou médiateur ? De la difficile résistance du soutien à la parentalité à l’instrumentalisation scolaire dans un canton suisse
Xavier Conus

Cadre de la recherche : Dans une attention marquée à la fonction parentale, les mesures de soutien à la parentalité sont devenues un levier des politiques publiques de prévention et de lutte contre les inégalités. Vues comme une ressource d’explication des attentes de l’école aux parents, ces mesures accordent une large place à des enjeux scolaires.

Objectifs : Cet article vise à comprendre comment les responsables d’organismes du soutien à la parentalité d’un canton suisse appréhendent leur rapport avec l’école et leur rôle vis-à-vis d’enjeux scolaires, et comment cela se traduit dans leur action auprès des parents.

Méthodologie : Dans le cadre d’une recherche qualitative compréhensive, la collecte des données a recouru à l’entretien semi-dirigé avec les responsables de huit organismes du soutien à la parentalité du canton de Fribourg en Suisse, aux rattachements institutionnels divers. Une analyse catégorielle thématique a été menée, dans une démarche mixte.

Résultats : Au-delà de la place confirmée d’enjeux scolaires dans leur action de soutien à la parentalité, les responsables interrogés adoptent deux postures dans la façon de l’aborder. Ils situent leur organisme soit comme un médiateur entre l’école et les parents, soit comme un relais des attentes de l’école en direction des parents. Des difficultés à collaborer avec l’école entravent, à degrés divers, chacune des postures.

Conclusions : Non seulement des enjeux scolaires occupent une place essentielle dans l’action de soutien à la parentalité mise en œuvre, mais ils tendent parfois à entretenir une dynamique prescriptive dans l’intervention auprès des parents et à participer à un report de responsabilité de l’école en direction des parents.

Contribution : Cet article permet de saisir le rôle des enjeux scolaires, insuffisamment exploré, dans la tension inhérente au soutien à la parentalité entre volonté de soutenir les parents et risque d’encadrement normatif et normalisateur de leurs pratiques.

Mots-clés: parentalité, soutien, école, inégalités, norme, Suisse




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